Si elle a longtemps été réservée aux opérations « mineures », la chirurgie ambulatoire concerne désormais des actes beaucoup plus techniques. C'est une pratique pleine d'avantages qui n'a pas de quoi effrayer…
Déployée largement au début des années 1970, la chirurgie ambulatoire est aujourd'hui une pratique courante, qui permet d'entrer à l'hôpital le matin, de subir une opération et de rentrer chez soi le soir. Bénéfique pour les patients mais aussi pour les établissements hospitaliers, cette prise en charge a tendance à se généraliser, y compris pour les actes techniques. Organisation, avantages et contre-indications, voici tout ce qu'il faut savoir sur la chirurgie ambulatoire…
Une hospitalisation de jour
En France, c'est la loi du 31 juillet 1991 qui régit la chirurgie ambulatoire, aussi appelée « hospitalisation de jour sans nuitée ». Il s'agit d'un type de soins alternatif à l'hospitalisation de longue durée et de nuit. Ces opérations sont réalisées dans les mêmes conditions techniques qu'une chirurgie classique, à savoir qu'elles se déroulent sous anesthésie, dans un bloc opératoire, et qu'elles sont suivies d'une surveillance postopératoire avant de pouvoir regagner son domicile (en général, moins de douze heures après son entrée à l'hôpital).
Ce type de chirurgie ne peut donc pas être pratiquée au sein d'un cabinet médical, mais nécessite un établissement hospitalier. Elle concerne très fréquemment les opérations de la cataracte, des végétations et des amygdales, du canal carpien, la chirurgie des varices, l'extraction dentaire (les dents de sagesse notamment) ou encore l'arthroscopie du genou. Mais la chirurgie ambulatoire ne vise pas seulement des actes minimes, elle peut aussi s'envisager pour des interventions beaucoup plus techniques telles que la pose d'une prothèse de hanche ou de genou, l'ablation de la vésicule biliaire ou encore une partie du colon et du foie. Même certains cancers peuvent être pris en charge de façon ambulatoire, notamment s'ils touchent à la peau, à l'utérus, au rein ou sein. Au total, ce ne sont pas moins de 55 gestes chirurgicaux qui sont concernés selon la Sécurité sociale.
En pratique, comment se déroulent les opérations ?
La chirurgie ambulatoire ne s'improvise pas et demande des contrôles en amont et en aval. En effet, le patient doit d'abord se plier à une consultation préopératoire qui permet au chirurgien de s'assurer que ce dernier est éligible à l'ambulatoire. Le déroulement de l'intervention, les avantages, les risques éventuels, les suites opératoires et les possibles complications (fièvre, douleurs, saignements…) sont évoqués lors de cet entretien, tout comme les consignes à respecter la veille (être à jeun, prise de médicaments, douche…). Un rendez-vous avec l'anesthésiste valide une fois encore l'absence de contre-indication à l'opération. Le jour J, l'acte chirurgical se déroule sous anesthésie et, une fois l'intervention terminée, le patient est amené en salle de réveil. Une fois ses esprits retrouvés, et après la visite du médecin, il pourra regagner son domicile à condition d'être accompagné.
De retour à la maison, une infirmière s'assurera par téléphone que tout va bien et pourra éventuellement se déplacer le lendemain si une prescription a été fournie à la sortie de l'hôpital. Le rendez-vous postopératoire avec le chirurgien sera fixé, quant à lui, deux à quatre semaines après la chirurgie.
Avantages et contre-indications
L'hospitalisation en ambulatoire a de nombreux avantages. D'abord, elle réduit drastiquement les complications, notamment les risques de phlébite dus à l'alitement des patients. À la maison, on bouge plus facilement et cela permet une meilleure circulation du sang. Ensuite, on dénombre beaucoup moins d'infections nosocomiales grâce au temps de séjour hospitalier réduit et à une exposition aux microbes limitée. Enfin, les suites opératoires sont plus faciles à vivre psychologiquement car les patients peuvent rapidement regagner leur domicile ; un lieu familier et moins austère qu'une chambre d'hôpital.
Il existe néanmoins quelques contre-indications à la chirurgie ambulatoire. Si elle s'adresse aux patients de 7 à 77 ans, les troubles cardiaques ou respiratoires, le diabète, la prise d'anticoagulants, les maladies dégénératives ou n'importe quel problème de santé majeur peuvent être un frein à cette hospitalisation de jour.
Les chiffres
- Le taux de chirurgie ambulatoire à l'AP-HP, qui connaît une augmentation annuelle significative, est passé de 37 % en 2017 à 39 % en février 2018.
- 98 % des chirurgies ambulatoires permettent un retour normal à la maison. Seuls 1 % des cas nécessitent une nouvelle hospitalisation pour cause de complications.