La résistance aux antibiotiques est devenue l'un des problèmes de santé majeurs ces dernières années. Pour lutter contre ce fléau qui pourrait rendre inefficace une grande partie des médicaments que nous utilisons actuellement, les chercheurs se mobilisent et proposent de nouvelles solutions.
Depuis la découverte de la pénicilline en 1928 par Alexander Fleming, les antibiotiques se sont imposés comme le traitement le plus efficient dans le combat contre les maladies infectieuses. Mais leur sur-utilisation, notamment dans le milieu de l'agriculture, a poussé les bactéries à muter, les rendant résistantes aux remèdes qui fonctionnaient jusqu'alors. Les médecins redoutent de plus en plus ces éléments pathogènes invulnérables qui causent 33 000 décès chaque année en Europe. Pour faire face à cette nouvelle vague de germes tueurs qui désemparent soignants et patients, la communauté scientifique travaille d'arrache-pied afin de mettre au point des solutions innovantes dans ce qui s'apparente à une véritable course contre la montre. Voici trois pistes encourageantes dans le combat contre les bactéries.
Les bactériophages, des virus qui vous veulent du bien
A priori, inhaler ou s'injecter volontairement des virus par intraveineuse lorsqu'on est malade peut sembler être une très mauvaise idée. Pourtant, cette méthode est aujourd'hui l'une des plus prometteuses dans la lutte contre les germes multirésistants, là où les antibiotiques se révèlent inefficaces. Cette thérapie repose sur des organismes appelés bactériophages, ou plus simplement « phages », qui détruisent les bactéries pathogènes de l'intérieur, en les colonisant puis en se reproduisant jusqu'à les faire exploser. Le processus est complexe, car pour chaque type de bactérie, il faut identifier le phage correspondant capable de l'éliminer.
Cette technique est en fait connue depuis plus de cent ans, mais elle est peu à peu tombée dans l'oubli dans le monde occidental, même si plusieurs pays d'Europe de l'Est continuent à l'appliquer. Les effets secondaires de ces phages étant encore mal connus, la communauté scientifique fait preuve de prudence. En France, ils sont donc pour le moment réservés aux patients dont l'état de santé est critique – risque d'amputation ou de mort – et pour lesquels tous les traitements antibiotiques se sont révélés inefficaces. Sur recommandation de leur médecin, ces malades vont se faire soigner à l'étranger, notamment en Russie et, depuis quelques années, en Belgique.
De nouveaux médicaments prometteurs
Élaboré sur un principe imitant l'action des bactériophages, un nouveau traitement a également vu le jour. En Bavière, des chercheurs ont mis au point une enzyme artificielle, baptisée « Artilysin », qui fait éclater les cellules bactériennes comme le font les enzymes naturelles produites par les phages. La méthode est en phase de test sur des volontaires atteints d'infections incurables, avec des résultats spectaculaires sur les staphylocoques et streptocoques. Seule entrave à son développement à grande échelle : comme ce médicament n'est, pour l'heure, employé qu'en dernier recours, il serait relativement peu utilisé et les coûts de production resteraient donc élevés.
Désinfecter de fond en comble
Les établissements de santé, où se croisent de nombreux malades, sont de véritables nids à bactéries. Au point qu'aujourd'hui, entre 8 et 10 % des personnes traitées à l'hôpital y sont infectées par des germes, notamment lors d'opérations où les plaies ouvertes constituent une porte d'entrée dans l'organisme. Pour limiter leur propagation, une hygiène irréprochable est de rigueur.
Des ingénieurs danois ont récemment mis au point un robot autonome d'un nouveau genre qui pourrait révolutionner l'élimination des agents pathogènes dans le milieu hospitalier. Celui-ci émet des rayons ultraviolets qui détruisent jusqu'à 99,99 % des bactéries, pour désinfecter au mieux les chambres et faire ainsi chuter le taux d'infection. Actuellement en phase de test, il sera bientôt disponible dans certains centres hospitaliers en complément du personnel de nettoyage.