De nombreux enfants souffrent d'une déficience auditive qui apparaît dès la naissance ou dans leurs premières années de vie. Pour leur éviter un retard de développement, il faut alors agir très tôt.
Beaucoup plus d'enfants qu'on ne le croit subissent une perte auditive. En France, 1,7 % des moins de 14 ans en sont atteints, tandis que l'Organisation mondiale de la santé estime que 32 millions d'enfants dans le monde souffrent d'une déficience auditive invalidante qui serait pourtant évitable dans 60 % des cas si elle avait été détectée assez tôt.
Des risques omniprésents
La déficience auditive est le déficit sensoriel le plus fréquent à la naissance, d'après les données ministère de la Santé. Plus de 80 % des surdités de l'enfant existent d'ailleurs dès sa venue au monde, même si elles ne sont pas forcément identifiables immédiatement. En cause, la génétique, ainsi que les diverses atteintes que peut subir le fœtus pendant la grossesse.
Mais la surdité peut aussi apparaître plus tard, à la suite de maladies graves comme la méningite et surtout l'otite. Toujours selon le ministère, entre 12 et 18 % des enfants présenteront une otite séreuse durable dans les cinq premières années de la vie, altérant leur audition de façon plus ou moins prolongée. Or, il suffit d'une perte auditive légère de 30 décibels pour que votre bout de chou rencontre des difficultés de développement cognitif puis d'acquisition des savoirs scolaires.
Un dépistage automatique
Parce qu'il est essentiel de diagnostiquer au plus tôt les troubles auditifs, de nombreux pays procèdent à un dépistage automatique de la surdité dès la naissance. Un bébé sur 1 000 naît en effet sourd. Après une phase d'expérimentation, la France est elle aussi passée à l'action en instaurant un programme national de dépistage de la surdité permanente néonatale dès 2014. Ce dispositif consiste à proposer systématiquement aux parents un examen de dépistage avant la sortie de la maternité. De même, une majorité de régions ont ajouté dès 2016 un second test réalisé après la sortie puisque du liquide amniotique persiste durant quelques jours dans le conduit auditif, ce qui peut fausser les résultats. Et d'après le bilan dressé par Santé publique France en 2019, cette procédure a permis de montrer que 0,9 % des nourrissons étaient suspects de surdité bilatérale (contre 1,4 % avant la sortie de la maternité), sachant que 94 % des nouveau-nés bénéficient désormais de ce dépistage qui se révèle donc particulièrement utile.
Les services de santé publique ont par ailleurs mis en place d'autres dépistages à différentes étapes de la vie. Cet examen fait par exemple partie des points de contrôle vérifiés par le médecin traitant ou le pédiatre lors de l'examen de santé pratiqué au 9e et au 24e mois du bébé. À l'entrée à la crèche ou lors de la visite médicale des 3-4 ans, un nouveau dépistage est organisé, de même qu'à l'école primaire et secondaire, avant que la médecine du travail ne prenne le relais pour les adultes.
Une vigilance constante
Malgré la multiplication des contrôles, les parents sont évidemment les mieux placés pour détecter au plus tôt d'éventuels soucis auditifs chez leur bambin. Certains signes sont révélateurs comme l'absence de réaction aux bruits dans les premiers mois qui suivent la naissance. De même, entre 3 et 12 mois, un bébé réagit en principe à l'appel de son prénom et commence à parler. À défaut, c'est peut-être qu'il souffre de troubles de l'audition. Entre 1 an et 2 ans, l'absence de mots, une communication exclusivement gestuelle, des émissions vocales incontrôlées ainsi qu'une inattention de l'enfant pour tout ce qui ne se trouve pas dans son champ de vision doivent vous alerter. Au-delà, la surdité se repère au travers du retard de parole et de langage, des troubles du comportement et des difficultés d'apprentissage.
Au moindre doute, n'hésitez pas à consulter votre médecin et à lui demander de vous adresser à un ORL pour faire passer un test auditif à votre enfant. Et rassurez-vous, de nos jours, la majorité des pertes auditives peuvent être compensées par une technologie appropriée.