Pour lutter contre le fléau de l'obésité infantile qui touche 17 % des enfants et des adolescents, Santé publique France propose de s'attaquer désormais au marketing publicitaire. En effet, les publicités des produits classés D et E au Nutri-Score ont un impact important sur les plus jeunes.
Accusée de tous les maux, et notamment de pousser à la sédentarité, la télévision est de nouveau dans le collimateur des instances publiques, particulièrement le marketing alimentaire qui favoriserait l'obésité infantile. Deux documents publiés en juin 2020 par Santé publique France révèlent les résultats d'une enquête menée en 2018 sur l'exposition des enfants et des adolescents à la publicité des produits gras, sucrés, salés, dits PGSS, dans les différents médias auxquels ils ont accès. Le constat est sans appel : plus de la moitié des publicités alimentaires vues par les enfants concernent des PGSS, ce qui pourrait avoir un impact sur le nombre de jeunes en surpoids ou obèses en France (17 % des 6-17 ans).
Un temps d'exposition en hausse
L'enquête menée par Santé publique France s'est d'abord attachée à calculer le nombre de spots télévisés dédiés aux produits gras, salés et sucrés, vus par les enfants et les ados entre 2015 et 2018. Résultat, le temps quotidien de publicités visionnées a augmenté, passant en moyenne de 7 à 9 minutes par jour. Les 4-12 ans passent en effet environ 1 h 28 par jour devant le petit écran contre 1 h 12 pour les adolescents. Si ces messages marketing sont également largement diffusés sur internet et les réseaux sociaux, l'étude démontre qu'il est, à l'heure actuelle, presque impossible d'estimer leur impact sur les plus jeunes, tant le manque de données déclarées est important pour ces supports.
Quoi qu'il en soit, il ressort que les investissements publicitaires alimentaires sur l'ensemble des médias s'élèvent à 1,1 milliard d'euros nets, avec une proportion de 60 % pour la télévision et entre 20 et 30 % pour internet.
Fast-foods, chocolats et sodas en ligne de mire
Parmi les produits sur lesquels les marques communiquent le plus, la quasi-majorité sont des aliments estampillés D ou E au Nutri-Score (48 %), c'est-à-dire ceux avec la plus faible qualité nutritionnelle, contre 36 % pour les plus sains, A, B ou C. On retrouve en tête de gondole les fast-foods, les chocolats et enfin les sodas et boissons sucrées. En 2018, ces produits représentaient 53,3 % des publicités alimentaires vues par les enfants et les adolescents.
Comme le rappelle Santé publique France dans son rapport, de nombreux travaux de recherche ont largement démontré le lien entre marketing alimentaire et obésité infantile. Les pubs pour les produits gras, salés et sucrés induisent ainsi une consommation supplémentaire de 56 % de ces aliments chez les jeunes qui y sont exposés, alors qu'elles n'ont pas d'effet – ou très peu – chez les adultes.
Il faut dire que jusqu'à l'âge de sept ans, un enfant n'est pas capable de faire la différence entre une information réelle et une annonce publicitaire. En effet, il prendra toujours pour argent comptant les réclames vantant les mérites et le goût de certains produits et parviendra sans mal à convaincre ses parents d'acheter telle sucrerie ou barre chocolatée. C'est cette grande influence du marketing alimentaire qui a poussé Santé publique France à préconiser certaines mesures.
Les préconisations de Santé publique France
L'agence nationale recommande ainsi d'encadrer la publicité destinée aux plus jeunes pour les produits classés D et E et d'en interdire la communication commerciale à la télévision aux moments de la journée où les enfants sont le plus devant leur écran, c'est-à-dire entre 19 heures et 22 heures. Plus encore, elle préconise d'appliquer également des restrictions horaires sur internet, les applications mobiles, les réseaux sociaux et pour les messages relayés par les influenceurs, nouveaux gourous des adolescents.