Maladie invalidante au quotidien, la dermatite atopique chronique n'a que peu de solutions thérapeutiques efficaces. De récentes biothérapies permettent néanmoins de soulager durablement les patients atteints d'eczéma sévère.
Troisième maladie de peau après l'acné et les mycoses, l'eczéma – plus précisément la dermatite atopique – n'est pas une pathologie ayant seulement des désagréments physiques. En France, pour les 34 % de la population qui en souffrent, c'est aussi un phénomène ayant des répercussions sévères sur la santé psychique et la vie sociale. En effet, un sondage mené par l'Ifop pour Sanofi en 2020 démontre que plus des deux tiers des personnes souffrant d'eczéma rapportent un impact négatif de la maladie sur leur moral (69 %) et sur leur niveau de confiance en soi (68 %). D'autant que les traitements classiques ne suffisent pas toujours à calmer les symptômes souvent très handicapants de la dermatite atopique.
Mais depuis peu, la recherche a donné une lueur d'espoir aux patients en mettant en place des traitements par biothérapie plus ciblés, qui permettent de soulager efficacement et durablement les plaques, démangeaisons et autres boutons d'eczéma. Explications.
Des traitements ciblés
Habituellement, la dermatite atopique se traite avec des dermocorticoïdes ou de la ciclosporine, un médicament qui inhibe le système immunitaire mais qui, à long terme, peut avoir des effets secondaires graves et atteindre les fonctions rénales. Les possibilités étaient jusqu'alors limitées pour soulager les personnes souffrant d'eczéma. Depuis peu, la génétique offre une solution alternative avec les biothérapies. Ces traitements, non chimiques donc, sont fabriqués avec des molécules issues de l'ADN, de cellules, de protéines ou d'anticorps qui vont permettre de bloquer l'inflammation provoquée par la dermatite atopique.
Le premier médicament du genre à avoir été commercialisé est le Dupixent, produit par Sanofi à partir du dupilumab, un anticorps monoclonal qui cible les protéines particulières de l'inflammation de la dermatite atopique.
Une injection tous les 15 jours
Lancé sur le marché en 2018, le Dupixent est destiné aux adultes, adolescents et, depuis peu, aux enfants à partir de 6 ans. Il s'agit d'une solution injectable (seringue ou stylo) que l'on administre en sous-cutané une fois tous les 15 jours au début du traitement. Si le Dupixent a un effet symptomatique suspensif, c'est-à-dire qu'il agit tant qu'il est administré, les études scientifiques sur le sujet ont démontré que son efficacité était également maintenue après 3 ans de traitement. Mais les premiers résultats sont visibles dès les premières injections et l'on considère qu'il faut 3 ou 4 mois avant de savoir si la thérapie fonctionne bien.
Le Dupixent doit cependant être prescrit par un dermatologue en milieu hospitalier et il est généralement proposé lorsque les autres solutions (dermocorticoïdes et ciclosporine) ont échoué. De plus, l'application de crèmes émollientes est largement recommandée durant tout le traitement car le Dupixent n'agit pas sur la sécheresse de la peau, qui aggrave l'eczéma.
Quels effets secondaires ?
Si cette nouvelle alternative n'est pas incompatible avec d'autres médicaments ou maladies (elle n'est en revanche pas recommandée durant la grossesse), comme tous les traitements, elle peut occasionner des effets secondaires indésirables. Les plus fréquemment observés avec le dupilumab sont des conjonctivites, des inflammations de la paupière ou de la cornée. Il est aussi possible de ressentir des picotements dans les yeux ou des troubles de la vision. Certains patients ont encore remarqué des douleurs articulaires et des maux de tête. Si ces symptômes perdurent malgré un traitement adéquat (collyre par exemple), il pourra être envisagé de stopper les injections.
D'autres traitements par biothérapie sont actuellement développés. C'est le cas notamment de l'Adtralza (tralokinumab), fabriqué par Leo Pharma et commercialisé depuis le 1er septembre 2022.