Santé

Le microbiote, un acteur clé de notre santé

Les bactéries et micro-organismes qui composent notre flore intestinale intéressent de plus en plus les chercheurs. Et pour cause : leur action serait essentielle pour être en bonne santé. Notre bien-être dépend-il de nos intestins ?

Notre ventre abrite une vie insoupçonnée : le microbiote, c'est-à-dire l'ensemble des micro-organismes qui peuplent le tube digestif. Composé de près de 100 000 milliards de bactéries, virus, levures et champignons, il est unique à chaque individu et peut peser jusqu'à 5 kg. Il se développe dès la naissance et jusqu'à l'âge de 3 ou 4 ans. Au cours de la vie, il pourra ensuite se modifier en fonction de l'environnement, de l'alimentation ou de la prise de médicaments. Des changements qui ne sont pas sans conséquence, puisque la moindre altération peut avoir des effets dramatiques sur le corps, voire influencer le développement de certaines maladies. À quoi servent ces microbes bienfaisants et comment agissent-ils en symbiose avec notre organisme ? Découverte d'un petit monde à part.

Un acteur majeur de la digestion

La plus importante des fonctions du microbiote intestinal est la digestion. Les bactéries qui le composent permettent la fermentation d'aliments autrement impossibles à assimiler, aident à absorber des nutriments essentiels et synthétisent certaines vitamines. À tel point que si ces micro-organismes viennent à manquer, le transit se détraque. Les troubles du microbiote compliquent considérablement l'existence des personnes qui en souffrent, les empêchant même parfois de mener une vie professionnelle et sociale normale. Pour guérir du syndrome de l'intestin irritable et de l'infection multirécidivante à « clostridium difficile », le traitement le plus prometteur est la transplantation de matières fécales. Encore tabou il y a quelques années, cette thérapie consiste à apporter un microbiote sain chez un patient dont le microbiote est altéré. Les résultats sont sans appel : son taux de guérison est de 80 à 100 %, contre 20 à 30 % avec une médication classique.
Autre conséquence d'une mauvaise digestion due à une flore intestinale faible : la prise de poids. À l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, des médecins ont découvert que les patients obèses présentaient un déficit marqué de certains groupes de bactéries, notamment Akkermansia muciniphila. Chez les souris, un apport en Akkermansia permet de rapidement stopper la prise de poids ; des études sur les humains sont en cours.

Lutter contre les maladies

Le microbiote est également un élément indispensable au système immunitaire. Il agit en effet comme une sorte de barrière face aux germes pathogènes extérieurs, non seulement parce que ceux-ci, en pénétrant dans le tube digestif, se trouvent en concurrence directe avec les micro-organismes qu'il abrite (ils les empêchent de s'y fixer en occupant la place disponible sur les parois intestinales), mais aussi parce que certains produisent des toxines qui détruisent tout élément intrus. De plus, la flore intestinale stimule les cellules immunitaires qui produisent les anticorps, majoritairement présentes au niveau du tube digestif. En règle générale, plus un microbiote est riche et diversifié, plus on a de chances d'être en bonne santé. À l'inverse, on observe un microbiote appauvri chez les patients souffrant de maladies inflammatoires, auto-immunes, de diabète, de Parkinson et de cancer.
En plus du microbiote intestinal, de loin le plus important, il existe également un microbiote cutané, vaginal ou encore pulmonaire. Si leur rôle sur la santé globale est moindre, perturber leur équilibre peut néanmoins entraîner de nombreux dysfonctionnements, comme des inflammations ou le développement de champignons pathogènes.

Un rôle insoupçonné

Et si les micro-organismes vivant dans notre ventre influaient sur notre personnalité, notre développement cérébral et notre prise de décision ? C'est ce que pensent de nombreux médecins, qui considèrent notre intestin comme une sorte de deuxième cerveau. Des chercheurs ont ainsi observé que le stress et la dépression étaient directement corrélés à un microbiote appauvri. Et pour cause : les bactéries de notre microbiote émettent des substances en lien avec notre bien-être mental. Ainsi, la sérotonine, connue comme l'hormone du bien-être, est produite à 95 % par l'intestin et non par le cerveau !

Comment restaurer sa flore intestinale ?

Plébiscités depuis quelques années, les probiotiques (lactobacilles, streptocoques, etc.) permettent de booster le microbiote des intestins, améliorant ainsi la digestion et stimulant le système immunitaire. S'ils sont sans danger, mieux vaut demander l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien plutôt que de faire une cure au hasard, qui ne sera pas forcément adaptée à vos besoins.
Si beaucoup de personnes souffrant de problèmes de transit et de ballonnements remarquent une nette amélioration de leurs symptômes, les probiotiques ne sont toutefois pas indispensables au bien-être de l'intestin. Vous pouvez aussi, au quotidien, miser sur des aliments qui vont régénérer et diversifier les micro-organismes présents dans le tube digestif. Ainsi, fruits, légumes frais et légumineuses, riches en fibres, sont généralement associés à une flore intestinale plus riche. Les aliments naturellement fermentés, du type yaourts, kombucha, kéfir ou choucroute, sont également réputés bénéfiques.
En revanche, un régime à base de produits ultra-transformés et sucres raffinés aura tendance à appauvrir votre microbiote. Enfin, limitez autant que possible la prise de médicaments non indispensables, notamment lorsqu'il s'agit d'antibiotiques.

Lauren Ricard
Santé

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