Santé

La dénutrition, un mal sous-estimé

Bien que peu médiatisée, la dénutrition est une affection grave qui touche près de 2 millions de personnes en France. Caractérisée par un apport nutritionnel insuffisant, ses conséquences sur la santé sont extrêmement néfastes. Décryptage.

Véritable enjeu de santé publique, la dénutrition engendre de nombreux risques et aggrave certaines maladies préexistantes en dégradant le système immunitaire. Cette condition, due à un déséquilibre important entre les dépenses énergétiques et un apport nutritionnel insuffisant affecte plus de 3 % de la population, principalement des personnes âgées. Suivez nos pistes pour lutter contre ce mal trop souvent sous-estimé.

Quelles sont les personnes affectées ?

Sur les 2 millions de Français souffrant de dénutrition, on compte plus de 670 000 seniors, dont 270 000 en Ehpad et 400 000 à domicile. Outre la fatigue et la perte d'autonomie qui peuvent peu à peu empêcher les personnes âgées de cuisiner leurs repas, des douleurs, la prise importante de certains médicaments, l'isolement, la perte de goût, les effets secondaires des traitements, les troubles de la déglutition, les difficultés à la mastication et la dépression sont responsables de cette forte diminution de leurs apports alimentaires.
Les patients hospitalisés, et notamment ceux atteints de cancers, sont l'autre catégorie de personnes les plus touchées par la dénutrition. En effet, 20 à 40 % d'entre eux seraient concernés par cette pathologie, pour des raisons similaires – effets secondaires de la chimiothérapie ou radiothérapie, fatigue extrême, abattement. Alités ou peu actifs une grande partie de la journée, ces deux types de malades estiment souvent avoir besoin de moins de nourriture qu'à l'ordinaire. C'est pourtant l'inverse : chez les personnes souffrant de syndromes inflammatoires, d'une infection ou d'un cancer, le métabolisme de base est augmenté, et les besoins nutritionnels sont donc plus importants. De même, chez les seniors, le vieillissement des organes altère leur efficacité, et il leur faut plus d'énergie pour fonctionner correctement.

Quelles conséquences sur la santé ?

L'un des premiers symptômes facilement observables de dénutrition est, bien entendu, la perte de poids. Le manque de nutriments essentiels au bon fonctionnement de l'organisme, et notamment de protéines, va entraîner la fonte de la masse musculaire, pourtant indispensable aux activités quotidienne. Un amaigrissement rapide et conséquent doit donc immédiatement alerter. Les répercussions sur l'organisme sont immédiates : sensation d'épuisement au moindre effort, difficultés à se mouvoir pouvant entraîner des chutes et accroître encore davantage l'isolement. Enfin, sur le long terme, la dénutrition va provoquer une chute des systèmes immunitaire, nerveux et endocrinien, ainsi qu'une fragilisation de la masse osseuse. Le patient sera donc considérablement plus vulnérable aux chocs et aux maladies.

Comment lutter contre la dénutrition ?

La cause principale de ce mal étant la perte d'appétit, la première chose à faire est de redonner l'envie de manger aux personnes malades. Pour cela, on mise sur des repas équilibrés, riches en nutriments, variés et gourmands, mais aussi sur une atmosphère conviviale. Si vous avez un parent âgé ou un proche malade, essayez autant que possible de dîner ou de déjeuner ensemble plusieurs fois par semaine. N'hésitez pas à faire appel à un service de livraison de repas à domicile, pour lequel vous pouvez sous certaines conditions demander de l'aide auprès de votre municipalité. Si malgré ces mesures, les apports nutritionnels restent insuffisants, vous pouvez alors recourir à l'alimentation médicale. Sous forme d'encas enrichis en protéines, vitamines et minéraux ou de compléments alimentaires, ils permettent de combler les besoins de ceux qui n'ont plus faim.

Lauren Ricard
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