Alors que l'épidémie de Covid-19 sévit toujours, les chercheurs et médecins s'intéressent désormais aux éventuelles séquelles neurologiques provoquées par le virus. On fait le point.
Après plusieurs mois d'épidémie mondiale, le Covid-19 ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets. Si la très grande majorité des patients atteints déclarent manifester des symptômes tels que la toux, une difficulté à respirer, de la fièvre ou encore une perte d'odorat et de goût, une partie souffre également de signes neurologiques. Les recherches sur le sujet se multiplient donc depuis quelques semaines pour évaluer les dommages éventuels sur le cerveau du coronavirus. Explications.
Des atteintes neurologiques répertoriées dans le monde
Tandis que le déconfinement se prépare, les chercheurs sont toujours sur le pied de guerre pour évaluer davantage les conséquences du Covid-19 sur les différents organes du corps. Si les poumons sont les premiers à souffrir de ce virus dont on ne sait finalement pas grand-chose, les médecins s'interrogent désormais sur les possibles atteintes du cerveau.
En effet, un certain nombre de patients infectés ont manifesté des troubles neurologiques en plus des lésions cardiaques, hépatiques, rénales ou ORL déjà connues. Ainsi, cliniciens, radiologues et neurologues ont répertorié des formes de confusion, des pertes de mémoire, des difficultés à parler, des convulsions et même des AVC chez certains patients atteints du coronavirus. À Détroit aux États-Unis, chez une quinquagénaire, des examens ont montré un gonflement anormal dans plusieurs régions du cerveau, ainsi que la mort de certaines cellules, aboutissant à une encéphalopathie nécrosante aiguë, une maladie grave bien que rare, pouvant survenir à la suite d'une infection respiratoire. En mars dernier, à Wuhan, des neurologues ont également rapporté un cas de myélite aiguë, c'est-à-dire une atteinte de la moelle épinière.
Évidemment, ces pathologies graves restent rarissimes, comparées au nombre de personnes dans le monde qui ont été contaminées par le coronavirus. Mais il n'empêche que le risque des atteintes neurologiques titille les scientifiques qui multiplient les recherches pour obtenir des données plus fiables.
Des travaux en cours
Si les chercheurs pensent que le Covid-19 qui sévit en ce moment peut laisser des séquelles neurologiques, c'est notamment parce que d'autres formes du virus ont déjà eu ce type d'effets. À commencer par le Sras au début des années 2000, dont on a pu observer les particules dans certaines régions du cerveau, en particulier dans les neurones. Certaines études expérimentales sur des souris transgéniques démontrent également que ces types de virus peuvent pénétrer dans le cerveau lorsqu'ils sont administrés par voie nasale.
En se basant sur ces travaux visant le Sras ou le Mers, les chercheurs émettent donc l'hypothèse que le Covid-19, après avoir pénétré les fosses nasales, pourrait gagner le bulbe olfactif pour remonter jusqu'au cerveau. C'est en tout cas une piste sérieusement étudiée actuellement, tout comme celle d'une infection du tronc cérébral par le virus, pouvant entraîner la défaillance respiratoire des patients touchés aujourd'hui par les formes graves du Covid.
Quid de l'anosmie ?
En attendant des résultats fiables, certains malades ont pu remarquer une perte d'odorat, parfois accompagnée d'une perte de goût. Cette anosmie est signe d'une altération du nerf olfactif, qui relie la fosse nasale au bulbe olfactif, situé à la base du cerveau. Quand l'atteinte est neurologique, l'anosmie peut être définitive.
Néanmoins, ce symptôme du coronavirus ne signifie pas pour autant que le système nerveux est atteint ! En effet, l'anosmie peut aussi être fréquente lors d'une maladie respiratoire lambda, par exemple un simple rhume. Ici, ce n'est alors pas le nerf olfactif qui est en cause mais la perméabilité des fosses nasales qui empêche simplement les récepteurs olfactifs de faire leur travail. Ce n'est donc que passager et il n'y a pas lieu de s'inquiéter.