L'association Bipolarité France et ses partenaires ont mis en évidence, dans un rapport récemment publié, le trop long diagnostic de cette pathologie. Quels sont les enjeux d'un tel retard sur la vie des patients ? Que peut-on mettre en place pour réduire ce parcours du combattant ?
Une pathologie difficile à diagnostiquer
Maladie psychiatrique chronique, le trouble bipolaire se manifeste par des humeurs changeantes. Le patient alterne les phases de dépression, d'euthymie (sans symptômes) et d'épisodes maniaques. Si cette pathologie est de plus en plus reconnue par la sphère médicale et la société, il faut malheureusement compter plusieurs années avant de poser un diagnostic. Un retard considérable qui impacte la vie des malades, comme le souligne le rapport de l'association Bipolarité France et de ses partenaires, après une enquête menée auprès de patients souffrant de bipolarité. Pour un tiers des sondés, le diagnostic a été confirmé plus de dix ans après l'apparition des premiers symptômes. Pendant cette course contre la montre, incomprises et déjà en détresse, 36 % des personnes interrogées ont avoué avoir tenté de mettre fin à leurs jours, 44 % ont perdu leur emploi ou ont abandonné leurs études, et 72 % ont connu des problèmes relationnels. En cause ? L'absence d'un outil d'évaluation objectif et la complexité à diagnostiquer la bipolarité, bien trop souvent confondue avec une dépression.
Gagner du temps
Pour tenter de raccourcir le délai de diagnostic, l'association Bipolarité France et ses partenaires ont dressé une dizaine de recommandations : sensibiliser le grand public au trouble bipolaire ainsi que les généralistes, créer un écosystème autour de la bipolarité, soutenir l'innovation au service des patients, augmenter le nombre d'heures de formation dédiée à la santé́ mentale, faire évoluer le rôle du psychologue, démocratiser l'utilisation du digital en psychiatrie et encourager la psychiatrie de précision, mais aussi former l'entourage pour qu'il puisse mieux accompagner le patient.