Santé

Alzheimer : où en est la recherche ?

Caractérisée par une dégénérescence des neurones, la maladie d'Alzheimer provoque une perte progressive de la mémoire. Incurable à l'heure actuelle, elle fait l'objet de nombreuses recherches visant à mieux comprendre ses mécanismes et ses causes, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles thérapies. À l'occasion de la 27e journée mondiale de la maladie d'Alzheimer qui aura lieu le 21 septembre, on fait le point sur les avancées médicales.

Pathologie dégénérative affectant l'hippocampe, structure du cerveau qui joue un rôle central dans la mémoire, puis le reste du cortex cérébral, la maladie d'Alzheimer se manifeste par des troubles mémoriels qui évoluent au fil des ans vers des problèmes cognitifs plus généraux très handicapants (difficultés à s'orienter dans le temps et l'espace, à effectuer certaines fonctions exécutives) pouvant mener à des situations de dépendance. Rare avant 65 ans, elle touche près de 15 % des plus de 80 ans. Aujourd'hui, près de 900 000 personnes en France sont atteintes d'Alzheimer, mais du fait du vieillissement de la population, les chercheurs estiment que ce chiffre concernerait 2,1 millions de seniors d'ici 2040. Face à l'ampleur de ce mal, extrêmement difficile à vivre pour la personne affectée comme pour ses proches, un plan maladie neurodégénérative et une journée mondiale de lutte visant notamment à financer la recherche ont été mis en place. Si aucun traitement curatif n'est encore disponible, d'importants progrès ont d'ores et déjà été faits ces dernières années dans la compréhension de ses mécanismes, l'identification des facteurs de risque et la détection à un stade asymptomatique. Explications.

Les causes se précisent

Le cerveau des personnes atteintes d'Alzheimer présente deux types de lésions, responsables de la mort des cellules nerveuses : les plaques amyloïdes, dues à un agrégat pathologique extra-cellulaire du peptide bêta-amyloïde, et les dégénérescences neurofibrillaires, associées à un dépôt intracellulaire de protéine Tau. Si les causes exactes de l'accumulation anormale de ces deux protéines n'ont pas encore été précisément identifiées, certains facteurs semblent déterminants. Outre l'âge (l'incidence de la maladie augmentant fortement à partir de 80 ans), l'environnement et le mode de vie jouent un rôle prépondérant. Une alimentation équilibrée, la pratique régulière d'un sport, une vie sociale riche et une activité intellectuelle stimulante retardent ainsi la sévérité de la maladie, tandis que le manque de sommeil, la sédentarité, des anesthésies répétées, des traumatismes crâniens et des facteurs de risques cardiovasculaires élevés tels que le diabète ou l'hypertension sont liés à une survenue plus fréquente et plus grave. Alzheimer posséderait également une composante génétique, la probabilité de développer la maladie étant 1,5 à 2 fois plus élevée si des parents du premier degré sont aussi touchés. Enfin, les formes héréditaires de la maladie d'Alzheimer, dues à des mutations rares au niveau de certains gènes précis, représentent 1 à 2 % des cas, et se déclarent en général plus tôt, aux alentours de 45 ans.

Un diagnostic précoce

En dépit de l'absence de cure pour éradiquer Alzheimer, une prise en charge rapide et personnalisée à un stade encore peu avancé permet de ralentir la progression de la dégénérescence des neurones et d'améliorer la vie du patient. Afin de traiter les malades davantage en amont, les chercheurs misent sur une détection de cette pathologie avant même l'apparition des premiers symptômes grâce à des techniques innovantes. Depuis 2017, de nouveaux biomarqueurs ont été identifiés, et pourraient bientôt permettre de réaliser des analyses à partir d'un simple bilan sanguin plutôt que par prélèvement de liquide céphalorachidien. L'imagerie cérébrale, qui sert à mettre à jour certaines anomalies, a aussi progressé grâce à une nouvelle méthode, la tomographie par émission de positons ou TEP, qui permet de mieux voir les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Enfin, des équipes françaises travaillent sur des tests informatiques basés sur l'analyse de données ou la réalité virtuelle.

Vers de nouvelles thérapies ?

Si aucun remède probant contre Alzheimer n'a encore été trouvé, les recherches thérapeutiques actuelles sont pourtant très actives : à l'été 2020, 670 essais cliniques étaient en cours pour tester 132 nouveaux traitements. Ils s'orientent principalement vers des approches permettant de détruire les lésions responsables de la maladie, c'est-à-dire les dépôts de protéine bêta-amyloïde et de protéine Tau. Pour ce faire, l'immunothérapie et la thérapie génique semblent les plus prometteuses. L'immunothérapie consiste à inciter le système immunitaire à attaquer ces protéines anormales par l'injection d'un anticorps ou en renforçant les défenses naturelles du patient. Ainsi, à la fin de l'année 2019, un anticorps spécifique, appelé Aducanumab, a montré un impact positif au cours d'essais cliniques, tandis que les anticorps anti-Tau toujours à l'étude en 2020 pourraient bloquer la transmission de la maladie d'un neurone à l'autre. La thérapie génique, quant à elle, introduit dans les cellules cérébrales un gène qui agit sur les mécanismes responsables de cette pathologie. En 2020, une équipe de l'Institut du cerveau à Paris a obtenu grâce à une enzyme des résultats encourageants chez des souris, qui ont pu retrouver la mémoire. D'autres pistes sont également à l'étude, visant notamment à réduire les inflammations cérébrales, dont les effets délétères aggravent les symptômes de la maladie.

Lauren Ricard
Santé

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