Cette maladie chronique, la plus fréquente chez les adolescents, peut impacter sérieusement leur qualité de vie, leurs performances scolaires et leur vie sociale et intime. À l'occasion de la Journée française de l'allergie, qui aura lieu le 20 mars, une vaste campagne d'information auprès des jeunes a été lancée.
Les allergies touchent toutes les tranches d'âge de la population. Fréquentes chez les jeunes, elles sont rarement prises au sérieux par les ados qui évitent le suivi médical et repoussent les traitements. Mais l'allergie est une maladie qui peut évoluer et s'aggraver si elle n'est pas traitée. D'ailleurs, les chocs anaphylactiques sont quatre fois plus fréquents chez l'adolescent et l'adulte que chez l'enfant. La campagne de sensibilisation lancée lors de la Journée française de l'allergie (le 20 mars prochain) est l'occasion de donner aux adolescents, mais aussi à leurs proches, à leurs familles et au milieu scolaire des clés pour prendre en main leur intolérance, qu'elle soit alimentaire, respiratoire ou de contact. Plus tôt on se fait diagnostiquer, plus tôt on se fait aussi traiter, pour avancer sans « boulet aux pieds ».
Des allergies peu soignées
À l'âge où toutes les expériences sont permises, rares sont les jeunes souffrant d'allergies à prendre le temps de consulter un médecin. Mais les adolescents allergiques qui négligent leur maladie mettent malheureusement leur santé en danger.
L'observance, qui correspond au respect des instructions et des prescriptions médicales, est estimée à environ 50 % chez l'enfant asthmatique et diminue avec l'âge pour atteindre environ 30 % chez l'adolescent*. Ainsi , sept adolescents sur dix ne suivent pas les recommandations de leur médecin et occultent la prise de médicaments tout comme le suivi et la surveillance de l'asthme ou encore les mesures d'éviction des allergènes. Outre une qualité de vie altérée pour le jeune asthmatique, ceci a pour conséquences des taux d'absentéisme scolaire et d'hospitalisations ou de recours aux soins d'urgence très élevés*.
Parler de son allergie peut même être tabou. Quatre adolescents sur dix souffrant d'allergies alimentaires ne confient pas à leur entourage leur maladie alors qu'ils sont 68 % à admettre « qu'éduquer » leurs proches rendrait leur pathologie plus facile à vivre**.
L'errance thérapeutique met en danger la vie de nombreux jeunes allergiques et peut freiner leur
développement. Une situation d'autant plus alarmante que les diagnostics et les traitements sont efficaces et permettent aujourd'hui aux patients de mener une vie épanouie sur les plans social, scolaire, intime, alimentaire ou sportif…
Des solutions pour agir
L'allergie est une réaction de l'organisme qui se manifeste à l'occasion d'un contact avec
une substance spécifique que l'on nomme « allergène ». Chez la plupart des gens, ces
substances sont totalement inoffensives. Chez d'autres, elles provoquent des réactions de défense à l'origine des symptômes allergiques : difficultés à respirer, éternuements intempestifs, yeux qui piquent, irritations, œdèmes… Le risque de développer une allergie s'accroît dans les familles d'allergiques, sans que les enfants ne soient forcément réactifs aux mêmes allergènes que leurs parents. On parle de « terrain atopique ». Il convient donc d'être attentif aux premiers symptômes, même si ceux-ci paraissent banals ou peu graves, pour agir au plus tôt et enrayer le processus d'évolution de la maladie. Plus le diagnostic est précoce, plus la prise en charge sera efficace.
Dès l'identification des premiers signes, il est donc essentiel que l'adolescent consulte son médecin traitant. Il pourra décider de l'orienter vers un allergologue qui lui prescrira un traitement adapté et l'aidera à intégrer de bons réflexes pour éviter au maximum le contact avec les allergènes responsables de ses troubles.
Les patients dont les symptômes sont légers, occasionnels et apparaissent dans des conditions bien définies peuvent prendre certains traitements symptomatiques. Parfois prescrits par le médecin allergologue et le médecin traitant en fonction de la fréquence et de l'intensité des crises, ces traitements médicamenteux sont utilisés pour réduire et soigner les manifestations cliniques de l'allergie. Leur effet cesse dès l'arrêt de la prise car ils ne s'attaquent ni à la cause, ni à la chronicité de la maladie allergique.
La désensibilisation est alors le seul traitement qui permet de réduire les symptômes, de diminuer le recours aux traitements symptomatiques et de traiter la cause de la maladie. Elle diminue le risque de survenue de nouvelles sensibilisations et d'asthme. C'est également le seul traitement dont l'effet persiste après l'arrêt.
La désensibilisation consiste à rééduquer le système immunitaire en administrant au patient des doses croissantes de l'allergène auquel il est sensibilisé, pendant au moins trois ans, afin d'induire une tolérance spécifique à long terme.
* Étude L'Observance thérapeutique chez l'enfant asthmatique de J. de Blic pour le Groupe de recherche sur les avancées en pneumopédiatrie
– SPLF 2007
** American Academy of Allergy, Asthma and Immunology – meeting annuel 2006 - Abstract 173