L'intelligence artificielle a fait des bonds spectaculaires ces derniers mois. De ChatGPT à Midjourney, en passant par les exploits réalisés dans le domaine médical, les algorithmes bouleversent tous les domaines dans lesquels ils se déploient. L'industrie musicale n'échappe pas à cette vague de fond.
Que ce soit dans la compréhension du langage naturel, la conversation et l'écriture avec ChatGPT, la génération d'images à couper le souffle avec Midjourney ou la lecture stupéfiante de radiographie, l'intelligence artificielle connaît un âge d'or qui bouleverse en profondeur les domaines auxquels elle touche. Une sorte de ruée vers l'or algorithmique se joue aujourd'hui, ne laissant guère de place aux positions attentistes. L'industrie musicale est également confrontée à ce nouveau défi, après celui de la numérisation qui a fait d'importants dégâts au début des années 2000.
Chansons, mélodies, clips…
De nombreux outils basés sur l'IA sont désormais capables de générer de la musique en fonction de consignes textuelles. « Un concerto de violon dans le style de la pop des années soixante » ? Le robot s'exécute et délivre un morceau pour le moins… intéressant. Meta, la maison mère de Facebook, vient de sortir des modèles libres qui sont porteurs de promesses pour tous les créatifs de la planète, tandis que Riffusion et Mubert affichent des résultats inconstants.
De son côté, Sino.ai vient de sortir, en version Alpha, une IA génératrice capable, à partir d'une commande textuelle, de générer des paroles et de les mettre en musique, chant et mélodie compris ! Les résultats sont certes de qualité variable, mais quand on voit les progrès réalisés par les IA génératives d'image en quelques mois, on peut s'attendre à un rapide bond en avant technologique étant donné que les modèles sont ouverts.
Loin de s'arrêter là, l'IA permet aussi de générer des avatars et des clips vidéo (comme avec Runaway Gen2). Le clip audio n'est pas loin ! En créant, des mélodies, des chansons, des avatars de célébrités et des groupes virtuels, l'IA ouvre à l'industrie musicale des territoires inconnus.
Vers des dilemmes légaux et éthiques
D'un point de vue purement technique, la situation est pour le moins enthousiasmante. L'avènement de l'IA dans l'univers musical suscite toutefois d'importantes préoccupations juridiques et éthiques. Au cœur de ce débat se trouve la délicate question du droit d'auteur. L'IA, avec sa capacité à reproduire le timbre et le style des artistes, pose la question de ce qui constitue véritablement une œuvre originale.
Alors que les mélodies et les paroles de chansons bénéficient d'une protection juridique claire, le timbre de voix d'un artiste, lui, n'est pas explicitement protégé, ouvrant la porte à des utilisations potentiellement non autorisées. En avril, un faux titre de Drake et The Weeknd a généré des millions d'écoutes en ligne. Tandis que certaines reproductions non autorisées brouillent les frontières éthiques, des collaborations authentiques, comme celle initiée par Paul McCartney pour recréer la voix de John Lennon, montrent que l'IA peut aussi être utilisée de manière intéressante.
Il va falloir que tous les acteurs trouvent des accords ne délaissant aucune partie. Des géants de la musique, tels qu'Universal Music Group et Warner Music, ont déjà entamé des pourparlers avec des mastodontes technologiques comme Google. Les plateformes influentes comme Spotify et Apple Music se retrouvent à la croisée des chemins, devant choisir entre l'embrassement de cette technologie ou l'établissement de barrières pour protéger le travail artistique.
En établissant un parallèle avec l'émergence de YouTube, où la résolution de conflits relatifs aux droits d'auteur a finalement généré des revenus substantiels pour l'industrie du divertissement, on peut envisager un avenir où les défis posés par l'IA mènent à de nouvelles opportunités lucratives, à condition que toutes les parties prenantes établissent judicieusement de nouveaux cadres.