Pendant que les chauves-souris hibernent, vous avez tout votre temps pour installer dans votre jardin un gîte où elles pourront nicher durant la belle saison. Car c'est que, voyez-vous, la présence de ces fascinantes petites dévoreuses d'insectes contribue à la régulation des ravageurs et favorise les équilibres naturels. Quand on cherche à réduire l'usage des pesticides, une telle présence ne se refuse pas.
Chut ! Ne faites pas tant de bruit… À l'heure où nous parlons, les chauves-souris sont en pleine hibernation. Elles dorment du sommeil du Juste, confortablement installées, c'est-à-dire suspendues au plafond par les pattes, en rêvant d'un monde meilleur où les humains cesseraient d'utiliser les pesticides et de calfeutrer greniers et caves où elles nichaient auparavant. Bref, dans leur sommeil, elles se souviennent du bon vieux temps.
Chapeau l'artiste !
Trente-six espèces de chauves-souris vivent en France métropolitaine. Parmi elles, pas de vampire assoiffé de sang, pas de kamikaze à la recherche de cheveux où s'empêtrer, mais trente-six petits mammifères fragiles, vulnérables, et par bonheur, strictement protégés qui réalisent l'exploit de voler grâce à la fine peau qui relient entre eux les doigts de leurs mains, et de se repérer dans l'obscurité à l'oreille, grâce à l'écholocalisation. Il ne s'agit pas de petits monstres mais de précieux auxiliaires insectivores capables de manger en une seule nuit près de la moitié de leur poids en insectes nocturnes.
À l'aide !
On estime qu'en France les populations de chauve-souris ont été divisées par deux entre 2006 et 2013 ! Deux raisons à cela : l'utilisation intensive des insecticides qui réduit à peau de chagrin leur pitance, et la raréfaction de leurs lieux d'hibernation et de nidification, du fait de l'urbanisation rampante, et de la disparition des greniers et des caves où elles nichent et hibernent. Il est donc grand temps d'accueillir plus chaleureusement que jamais les murins, pipistrelles, rhinolophes, oreillards et noctules dans nos jardins en leur érigeant des nichoirs dignes de ce nom.
Le temps de la belle saison
Pour être précis, ces gîtes ne sont pas destinés à recevoir les chauves-souris durant l'hiver car elles le passent bien à l'abri du gel, au plafond des grottes, des caves ou des greniers et dans les anfractuosités profondes. Non, ils sont destinés à servir de nichoir durant toute la belle saison, notamment au printemps durant la période de mise bas, et d'allaitement. Vous pouvez fabriquer vous-même ou acheter un nichoir du commerce, peu importe, le tout étant qu'il soit adapté à la morphologie et aux mœurs de ses occupantes.
Comment s'y prendre ?
Les nichoirs se fixent très haut, à environ trois mètres de hauteur, suspendus au-dessus du vide, sur un mur ou un arbre exposé à l'est ou au sud-est afin qu'ils bénéficient du soleil du matin. Ne les installez surtout pas face aux vents dominants, tenez-les loin des sources de lumières nocturnes (réverbères…) ou d'une route passante, et prévoyez un petit toit étanche qui maintiendra l'intérieur au sec. Enfin, retenez-vous d'aller vérifier avec une lampe torche si votre nichoir est bien occupé, vous risqueriez d'en faire fuir les occupants. La présence du guano sur le sol, à l'aplomb du gîte, suffit amplement à trahir leur présence.