Bénéficier d'une aide financière en contrepartie de l'embauche d'un salarié venant d'un quartier défavorisé, c'est le principe des emplois francs, un dispositif en test dans sept territoires. Présentation.
Dans certaines zones particulièrement défavorisées, le taux de chômage culmine à 25 %, contre moins de 9 % pour la moyenne nationale. Afin d'offrir des perspectives d'avenir à ces populations marginalisées, l'État expérimente actuellement un dispositif baptisé « emplois francs », lancé le 1er avril 2018 et prévu jusqu'au 31 décembre 2019. Mais ce galop d'essai s'apparente davantage à une seconde chance puisque ce programme n'est pas si nouveau que ça…
Un flop en 2013
Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, cette mesure n'est en réalité pas une idée de notre Président mais de son prédécesseur. C'est en effet en 2013 que François Hollande a initié ce programme consistant à verser une aide substantielle aux entreprises qui embaucheraient en contrat à durée indéterminée des jeunes résidant dans des quartiers difficiles. Déjà dénommée « emplois francs », cette carotte financière atteignait à l'époque 5 000 € et n'était due qu'à condition que la personne recrutée ait moins de 30 ans et habite dans une « zone urbaine sensible » (ZUS).
En déployant ce dispositif dans dix villes, dont Marseille, Clichy-Montfermeil, Amiens et Grenoble, le gouvernement tablait sur la signature de 10 000 contrats en trois ans, avant une extension sur tout le territoire en cas de succès.
Sauf qu'à l'heure du bilan, ce fut un échec. Bien loin des chiffres escomptés, seulement 250 emplois francs ont finalement été signés, avant que le programme ne soit remisé au placard un an plus tard.
Moins de contraintes
Malgré ses différends avec son ancien mentor, Emmanuel Macron continue de croire au potentiel de cette mesure. Il s'est donc fait fort de donner une seconde chance à ce dispositif en l'améliorant. Car pour le Président, ce sont les conditions trop restrictives de la précédente mouture qui ont conduit à son flop.
Dès lors, la nouvelle version s'applique à l'embauche de tout demandeur d'emploi – quels que soient son âge et son niveau de diplôme – résidant dans l'un des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) des sept territoires d'expérimentation. De plus, le programme prévoit le recrutement à temps plein en CDI mais aussi en contrat à durée déterminée d'au moins six mois. Si elle respecte ces conditions, l'entreprise pourra bénéficier d'une enveloppe de 5 000 € par an sur trois ans pour un CDI et de 2 500 € par an sur deux ans pour un CDD. Et l'État a des objectifs ambitieux puisqu'il espère voir signer entre 10 000 et 25 000 contrats dès cette année.
L'essentiel
-> quand ? Les emplois francs sont testés jusqu'au 31 décembre 2019.
-> quel salarié ? Tous les chômeurs inscrits à Pôle emploi et résidant dans l'un des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) des territoires de test sont éligibles.
-> quelle entreprise ? La société ou l'association ne doit pas recruter l'un de ses anciens employés ni avoir procédé à un licenciement économique sur le poste dans les six mois précédents.
-> quel contrat ? Il faut un CDI ou un CDD de plus de six mois.
-> quel territoire ? 194 quartiers classés en zone prioritaire sont concernés en Seine-Saint Denis, dans les agglomérations de Roissy Pays de France et de Cergy-Pontoise, dans le Grand Paris Sud Seine Essonne Sénart, les métropoles de Lille et d'Aix-Marseille-Provence et à Angers Loire Métropole.
Bon plan : le dispositif des emplois francs est expliqué en détail sur le site Travail-emploi.gouv.fr.