Si les chiffres démontrent que l'immense majorité des chômeurs recherchent bien un travail, cela ne suffit pas au gouvernement. Depuis le 1er janvier 2019, les sanctions ont été durcies.
Les préjugés sur les chômeurs fainéants se complaisant dans l'assistanat aux frais des contribuables ont la vie dure. En septembre 2018, le Président n'hésitait pas à dire qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver un job ! Pour booster la recherche des plus indolents, de nouvelles mesures ont d'ailleurs été prises à travers la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 et un décret d'application du 28 décembre.
Une recherche active
Sauf cas particulier, tout demandeur d'emploi doit élaborer avec son conseiller Pôle emploi un « projet personnalisé d'accès à l'emploi » (PPAE) dans les trente jours qui suivent son inscription. À partir de votre parcours et de vos qualifications, ce dossier va permettre de cadrer votre recherche en précisant le type de postes pouvant vous convenir, la zone géographique privilégiée et le niveau de salaire souhaité.
Ceci étant fait, il va falloir se conformer au suivi réalisé par Pôle emploi en actualisant chaque mois votre situation et en répondant aux éventuelles convocations de votre conseiller. Mais surtout, vous devez avoir une recherche de travail active et pouvoir la justifier au moyen de copies d'envoi de candidatures, de lettres de réponse et autres invitations à des entretiens d'embauche.
Si vous n'êtes pas obligé de prendre le premier job venu, vous devez également accepter toute « offre raisonnable d'emploi », autrement dit toute proposition remplissant les critères définis dans votre PPAE. Mais attention, alors que votre niveau de salaire était auparavant pris en compte, avec une dégressivité en fonction du temps passé au chômage, il a été exclu des critères par le décret du 28 décembre 2018. Dès lors, si vous étiez très bien rémunéré par votre dernière entreprise mais que le salaire normalement pratiqué dans votre branche est plus bas dans la région, vous ne pourrez pas arguer de cet écart pour refuser une offre.
Radiations à l'horizon
Qui dit obligations à respecter dit aussi sanctions en cas d'abus. Et en la matière, c'est la radiation temporaire qui pend au nez des demandeurs d'emploi. Cela peut arriver si vous ne pouvez pas justifier de vos recherches de travail, si vous n'avez pas respecté votre suivi administratif (actualisation mensuelle, convocations de Pôle emploi, visite médicale d'aptitude, élaboration du PPAE) ou encore si vous avez refusé une formation, une action d'insertion ou deux offres de poste raisonnables sans motif légitime.
Alors que les demandeurs d'emploi étaient auparavant privés de leurs allocations-chômage entre quinze jours et deux mois en général, le barème a été revu à la hausse au 1er janvier 2019. Désormais c'est un mois de radiation dès le premier manquement, deux mois au second puis quatre mois à partir du troisième. La suppression peut également aller de deux à six mois pour une activité brève non déclarée et être définitive dans les autres cas de déclaration mensongère ou absente. La radiation temporaire ne réduit en revanche pas la durée globale des droits acquis à indemnisation.
Avant d'en arriver là, sachez que lorsque Pôle emploi vous informe de sa décision, vous avez dix jours pour expliquer votre situation et la régulariser. Si votre conseiller n'est pas convaincu, le directeur de l'agence vous notifiera la radiation dans les quinze jours. Les pouvoirs de ce service public ont d'ailleurs été étendus puisque le décret a confié à Pôle emploi toute la compétence en matière de sanctions.
Peu de tire-au-flanc
Les chiffres de Pôle emploi laissent sceptiques sur l'utilité d'un tel tour de vis législatif. Ces dernières années, le contrôle des allocataires a en effet déjà été renforcé, au point qu'une équipe spécialisée composée de 215 conseillers a été constituée et réalise chaque mois environ 12 000 contrôles en moyenne.
Or justement, comme le rappelle un rapport de Pôle emploi publié en août 2018, ces vérifications démontrent que 88 % des chômeurs ont bien eu une recherche active de travail ou ont été remobilisés (dans 15 % des cas) en 2016. À l'inverse, seuls 12 % des demandeurs d'emploi ont subi une radiation pour insuffisance de recherche. Dans le détail, ce sont d'ailleurs ceux qui ne reçoivent aucune allocation qui sont le moins actifs : 19 % contre 8 % chez les bénéficiaires de l'assurance chômage.