Devenir un roi du nœud papillon à 9 ans, une star de l'unboxing à 7 ans ou l'inventeur d'une sucette qui ne donne pas de caries à 13 ans, c'est possible aux États-Unis. Mais qu'en est-il en France ?
Ils s'appellent Moziah Bridges, Ryan, Alina Morse, Marley Dias ou Asia Newson et sont tous reconnus par le magazine Forbes comme faisant partie des plus brillants « kidpreneurs » du moment. Il faut dire qu'outre-Atlantique, la culture d'entreprise est encouragée dès le berceau.
Lorsqu'avec l'aide de sa grand-mère, un petit garçon de 9 ans décide de lancer sa propre ligne de nœuds papillons pour ressembler à Justin Bieber, son idole, on ne lui rit donc pas au nez ! C'est ainsi qu'en quelques années Moziah Bridges est devenu le roi du nœud pap avec sa société Mo's Bows, fondée en 2011 à Memphis. Invité dans les shows télévisés et même à la Maison-Blanche par Obama, le jeune entrepreneur a également décroché un contrat avec la célèbre ligue de basket NBA en 2017.
Si les success-stories de ce type restent bien entendu rares et chapeautées en coulisses par des parents zélés, elles sont toutefois largement médiatisées aux États-Unis, terre par excellence de la liberté d'entreprendre. Beaucoup plus protectrice des enfants, la France limite à l'inverse strictement les possibilités d'entrepreneuriat des mineurs.
16 ans sinon rien
Dans l'Hexagone, il faut traditionnellement être majeur pour devenir son propre patron. Auparavant, seule une procédure d'émancipation résultant d'un mariage ou, le plus souvent, d'une décision du juge des tutelles, permettait à un adolescent âgé de 16 ans révolus d'être légalement considéré comme majeur pour pouvoir se lancer dans l'aventure. Un jeune peut alors diriger une entreprise individuelle du type artisanat ou profession libérale mais aussi être membre ou associé d'une société, quel que soit le statut juridique de cette dernière. En revanche, il faut une autorisation expresse du tribunal pour qu'il puisse être commerçant, participer à une société en nom collectif (SNC) ou être associé commandité d'une société en commandite simple (SCS) ou par actions (SCA).
La loi du 15 juin 2010 a depuis étendu l'initiative entrepreneuriale au mineur non émancipé, toujours âgé de 16 à 18 ans. Pas question cependant d'être artisan ou commerçant ! L'ado ne peut ici diriger qu'une société à responsabilité limitée ou unipersonnelle (EIRL, EURL ou SASU) et doit en passer par un accord parental, stipulé par un acte sous seing privé ou, mieux, par un acte notarié, détaillant les actes d'administration qu'il est autorisé à réaliser seul. Ses parents restent néanmoins maîtres des actes de disposition (achat, vente, don…).
Des exemples de réussite
Bien qu'ils ne soient pas en culottes courtes, de jeunes entrepreneurs se sont aussi lancés avec succès sur le territoire national :
- L'Petit Mardi : Guillaume Benech a créé ce magazine culturel pour ados à 12 ans, avant de passer par le statut associatif pour officialiser les choses. En cinq ans, la revue a été écoulée à 35 000 exemplaires et se vend aujourd'hui en kiosque.
- Dealerdecoque.fr : Louis Haincourt a commencé par acheter des coques de smartphone en Chine pour les revendre dans son lycée. Depuis 2013, sa société fabrique carrément ces accessoires en Normandie.
- Holimeet.com : Étienne Ginon a développé cette application permettant de géolocaliser ses amis en parallèle de la préparation de son bac. En 2017, il a été nommé dans la catégorie start-up étudiante lors des Melty Future Awards.