Ah l'amour ! Quel sentiment autre vous donne des papillons dans le ventre et des étoiles dans les yeux ? Qu'il soit rationnel ou passionnel, il nous fait vivre des émotions fortes incomparables. Mais ses nuances sont multiples et pas toujours faciles à déchiffrer.
Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, George Sand et Alfred de Musset, Rodin et Camille Claudel, Roméo et Juliette, Tristan et Yseult... en littérature, au cinéma et dans l'art en général, nous avons tous en tête des histoires d'amour passionnées, vraies ou fictives, qui nous font rêver. À la fois brûlante, dévorante mais aussi irrésistible, la passion ne prévient jamais et bouscule notre routine. Mais en quoi diffère-t-elle de l'amour ? Comment en sortir indemne ? Peut-elle se transformer en sentiment durable ? On vous explique tout sur les sentiments amoureux qui nous animent et nous font perdre la tête.
La force de l'instant contre l'ancrage dans la réalité
Ne pas se soucier du lendemain, faire confiance à son instinct, se plonger corps et âme dans une relation peu importe les conséquences, ne plus pouvoir s'éloigner de l'autre et se laisser envahir par la déraison, c'est un peu tout cela la passion ! Tel un tourbillon qui nous emporte, elle nous fait perdre notre individualité et nous pousse à fantasmer la relation. La passion a en effet ce petit je-ne-sais-quoi d'irrationnel, que l'on ne parvient pas à expliquer et que l'on se contente tout simplement de vivre. Les émotions ressenties sont parfois si fortes que l'on peut vite sombrer dans la folie amoureuse sans pouvoir en sortir entier.
À l'inverse, le sentiment amoureux prend racine avec le temps, il est davantage ancré dans la réalité et dans la durée. La relation est plus affective et équilibrée, les sentiments sont contrôlés et l'individu existe toujours sans l'autre. À l'inverse de la passion, qui est dans la constante recherche des émotions fortes, l'amour est plus réfléchi et basé sur la connaissance réelle de son partenaire et non pas de l'image que l'on s'en fait.
Un lâcher-prise nécessaire
Si tout un chacun peut tomber amoureux, tout le monde n'a pas les épaules pour vivre une passion. Les personnes trop terre à terre, qui aiment avoir le contrôle de leurs sentiments, feront rarement des amants passionnés. En effet, cet état particulier demande un certain lâcher-prise, une prédisposition à un manque effectif qui permet de se laisser aller davantage à une relation qui va combler des carences. À maintes reprises, l'émotion passionnelle a d'ailleurs été comparée à celle de l'addiction aux drogues. Il semblerait que les réactions du cerveau soient les mêmes dans les deux cas. La passion amoureuse, empreinte de folie et de fantasmes, exige une certaine fragilité et un goût prononcé pour la dépendance à l'autre.
Hélas, si elle est vibrante et revigorante, la passion peut aussi être dangereuse, surtout si elle est à sens unique. S'il est tout à fait possible de ne pas succomber à cette folie amoureuse (au prix de nombreux sacrifices), ceux qui se laissent tenter n'en sortent jamais indemnes. Il reste toujours, à vie, une forme de mélancolie et de nostalgie impérissables qui feront battre le cœur ad vitam aeternam…
Faire durer la passion, est-ce possible ?
Si pour Beigbeder, l'amour dure trois ans, la passion semble avoir une durée de vie encore plus limitée. En effet, on dit qu'elle dure tout au plus deux ans et qu'elle finit par s'effilocher avec le temps. Mais selon certains psychologues et spécialistes, il est possible d'entretenir cette flamme passionnelle si l'on a conscience que la relation peut prendre fin du jour au lendemain et que l'autre n'est jamais acquis. C'est cette incertitude, cette façon d'être toujours sur le fil du rasoir, qui permet de nourrir la passion.