Afin de pouvoir reposer dans un lieu naturel et préservé, les parcs et forêts cinéraires proposent aux familles de déposer les cendres des disparus au pied d'un arbre. Zoom sur ces alternatives éco-responsables.
La décision de se faire incinérer et de disperser ses cendres vient souvent d'une volonté de ne pas embêter la famille avec l'entretien d'une tombe. Mais elle peut aussi être encouragée par des valeurs idéologiques et le désir profond de communiquer avec la nature. Alternatives écologiques au cimetière traditionnel, les parcs et les forêts cinéraires proposent une solution naturelle après la crémation. S'ils sont peu nombreux, ces projets tendent à se développer de plus en plus sur le territoire français.
La nécessité de se recueillir
Depuis toujours, l'Homme a eu besoin de lieux où déposer ses défunts et leur rendre hommage. Le deuil et l'absence d'un être cher sont souvent plus faciles à vivre si on a un espace de mémoire dédié, ou l'on peut repenser aux souvenirs heureux. Aujourd'hui, les tombes des cimetières sont de moins en moins fleuries et beaucoup choisissent la crémation comme rite funéraire. Si vous ne voulez pas que le vent disperse vos cendres au hasard et n'êtes pas non plus convaincu par la froideur d'un columbarium ou d'un cavurne, vous pouvez opter pour le juste milieu en décidant de finir paisiblement au pied d'un arbre que vous aurez choisi, et où pourra se recueillir votre famille.
Un parc de mémoire
« Au pied de mon arbre, je reposerai heureux » aurait pu chanter Georges Brassens. Cette option est désormais possible et légale avec les parcs cinéraires privés. Ces espaces naturels sont de véritables havres de paix, dans lesquels les proches peuvent se promener sereinement, à l'instar du précurseur Jardin de Mémoire, créé en 1998 dans le golfe du Morbihan, ou le parc funéraire Les Arbres de mémoire, situé près d'Angers.
Le concept : au sein d'un grand terrain boisé, on choisit un arbre parmi une dizaine d'essences, qui ont chacun une symbolique (le chêne vert est rattaché à la sagesse, le pin parasol évoque la sérénité, etc.). Une urne biodégradable, contenant les cendres du défunt, est enfouie tout près du jeune arbre, au cœur de ses racines. Ce dernier va grandir aux côtés de ses congénères, et constituera, en l'espace de trente ans, une forêt naturelle et autonome. On peut même choisir un arbre de famille, pouvant accueillir cinq urnes. De tels projets apportent une vision plus poétique de la mort et séduisent les amoureux de la nature.
Des projets de forêts cinéraires
Inspirés des cimetières forestiers d'Allemagne et d'Angleterre, des projets de forêts cinéraires ont commencé à émerger en France ces dernières années. La différence avec un parc ? Il s'agit d'un espace forestier déjà existant non aménagé, et les arbres qui peuvent être utilisés sont identifiés par des cordelettes et des feuilles sculptées en bois, dédiées aux défunts.
Ainsi, la première forêt cinéraire de France a vu le jour en 2019 dans le village d'Arbas, en Haute-Garonne. Mais après quelques inhumations, les autorités ont tout stoppé en fustigeant le fait de facturer un service (de 250 € à 2 000 €) censé être gratuit, puisque la dispersion des cendres est libre dans la nature. Pas de quoi pourtant décourager le maire écologiste de Muttersholtz, dans le Bas-Rhin, qui a annoncé fin 2022 la création d'une forêt funéraire sur sa commune. Pour éviter toute difficulté, les lieux seront clôturés et les urnes ne seront pas biodégradables afin d'éviter de s'apparenter juridiquement à une dispersion.
Une dimension écologique
Au-delà d'apporter une solution au devenir des cendres, ces lieux s'inscrivent dans une vision écologique plus large, permettant de préserver une forêt de manœuvres humaines tels que la déforestation, la cueillette ou encore la chasse. L'état originel de la forêt doit être respecté, c'est pourquoi seule une plaque en bois attachée sur l'arbre, comportant les noms, dates de naissance et décès du défunt, est prévue.
Focus : Devenir un arbre
Pour un vrai retour aux sources, on peut également transformer ses cendres en arbre ! Des entreprises proposent de mélanger les cendres du disparu avec du terreau et une graine végétale, le tout dans une urne funéraire écologique. Destiné à être enterré en pleine nature (et après en avoir informé la mairie de la commune du lieu de naissance du disparu), ce don biodégradable contribuera à faire naître un arbre. Une façon comme une autre de perpétuer le grand cycle de la vie.