Bisphénol-A, formaldéhyde, métaux lourds, phtalates… Saviez-vous que ces substances dangereuses abondaient dans la fabrication des jouets pour enfants ? À l'heure où la communauté scientifique tire la sonnette d'alarme et où les pouvoirs publics font la sourde oreille, nous vous proposons un guide pour consommer en toute sécurité.
Depuis plusieurs années, certains jouets défectueux ou contenant des produits toxiques ont été rappelés par leurs fabricants et ont semé la panique dans les magasins. Alors que les fêtes de fin d'année arrivent à grand pas, vos bambins ont sans doute déjà fait (au moins !) trois brouillons de leur liste au Père Noël. Mais avant de se lancer dans la frénésie des préparatifs, mieux vaut être bien informé et faire preuve de vigilance ! Pour vous épauler dans vos achats, nous vous proposons quelques conseils pour éviter les jouets dangereux…
Moins, c'est mieux
Depuis 2011, la réglementation concernant la sécurité des jouets est encadrée par une directive européenne plus stricte que la réglementation antérieure, visant ainsi à mieux protéger les enfants des accidents toxiques ou domestiques. Pourtant, le jouet est encore souvent le produit de consommation le plus rappelé à l'ordre par les organismes de contrôle, la plupart du temps suite à des cas d'étouffements ou de réactions toxiques. Certains fabricants semblent en effet faire fi de la législation en vigueur et continuent d'utiliser des substances non conformes, ou se rabattent sur les « zones grises » de la réglementation. Les perturbateurs endocriniens, par exemple, ne sont pas encore clairement encadrés et sont donc très présents dans les cosmétiques et les jouets pour enfants. Ils agissent pourtant sur l'équilibre hormonal et sont responsables de certains cancers… Nos petits bouts, particulièrement vulnérables, peuvent alors se retrouver confrontés à de réels dangers lorsqu'ils câlinent, mâchouillent ou s'amusent avec leurs babioles préférées.
Alors que les fêtes de Noël approchent et que les pouvoirs publics sont tiraillés entre les inquiétudes des scientifiques et le risque de perturber l'activité d'un gigantesque marché mondialisé, il appartient à chaque consommateur de faire preuve de prudence. La première recommandation pour faire face à ce constat alarmant serait donc de consommer moins, mais mieux. Pas si facile lorsque nos boîtes aux lettres sont submergées de catalogues de jeux sur lesquels se jettent, les yeux brillants, nos bambins ébahis. Résister à ces diktats, mettre les yeux innocents à l'abri des chimères de la consommation de masse et investir un peu plus d'argent dans un produit de qualité, contrôlé et labellisé, semble pourtant l'attitude la plus responsable pour protéger nos enfants.
Consommer autrement
S'il est vrai que le consommateur n'a que très peu d'informations sur le processus de fabrication du jouet et les matériaux utilisés, il ne faut surtout pas hésiter à se renseigner directement auprès du fabricant ! La réglementation européenne sur les produits chimiques oblige les constructeurs à vous renseigner dans un délai maximum de 45 jours après votre demande. Si votre enfant à une demande spécifique, rien ne vous empêche donc de questionner le fabricant du jouet sur la présence éventuelle de substances chimiques dangereuses avant de valider votre achat. Soyez également attentif aux mentions et aux labels. Sur un jouet en bois par exemple, les mentions « sans phtalates » et « sans PVC » attestent d'une volonté claire du fabriquant d'éliminer ces substances de la fabrication de ses produits. Le label européen CE assure une certaine sécurité mais, parce qu'il est apposé sur le jouet directement par son fabricant, il ne garantit malheureusement pas les risques de fraude. Les labels écologiques et indépendants, plus rares mais mieux contrôlés, constituent un gage de sécurité supplémentaire. C'est le cas des labels GS (qui garantit le respect de la réglementation), Spiel Gut (qui assure une production sans substances toxiques), Oeko-Tex (pour les jouets en tissus 100 % bio) et NF environnement (un écolabel français).
Il convient également d'être attentif aux différents matériaux de composition du jouet car certains sont à fuir et d'autres à privilégier. Votre ennemi numéro un ? Le contreplaqué, qui peut contenir du formaldéhyde (cancérigène) ou du plomb. Privilégiez toujours les matériaux naturels non traités et les colorants non toxiques : la peinture écologique, le bois brut, le tissu et le coton bio sont des alliés durables. Si c'est possible, lavez le jouet avant de l'offrir, sinon sortez-le de son emballage et aérez-le au moins deux jours. Si vos enfants sont un peu plus grands, vous pouvez également opter pour des cadeaux alternatifs aux jouets. Pourquoi pas un spectacle, un cours d'accrobranche ou de poterie, un abonnement à un magazine ou un costume fait maison ?
Le saviez-vous ?
La dangerosité d'un produit n'est pas nécessairement liée à sa provenance géographique. En Thaïlande, par exemple, certaines entreprises sont réputées pour leur production respectueuse de l'environnement. Les jouets sont 100 % issus de matériaux naturels et sont totalement inoffensifs pour la santé des enfants. En revanche, ce n'est pas le cas de plusieurs jouets produits par des entreprises européennes…