Meta, la maison mère de Facebook, est un belligérant majeur, souvent très en avance technologiquement, dans la guerre des intelligences artificielles. Le géant américain vient de lancer une nouvelle bombe : Llama 2, un modèle de langage ouvert et libre, appelé à concurrencer le très fermé ChatGPT.
Dans la grande bataille de l'intelligence artificielle (IA), où s'affrontent des géants de la tech, comme Google, OpenAI ou Microsoft, Meta, la maison mère de Facebook, fait office d'électron libre. Déstabilisé par l'échec cuisant de son « multivers », le maître des réseaux sociaux, qui a aspiré depuis deux décennies une quantité astronomique de données, s'est rapidement rabattu sur l'intelligence artificielle, une autre de ses branches de développement majeure. Meta est très avancé technologiquement dans le domaine de l'IA, disposant d'une équipe de chercheurs parmi les plus brillants du domaine, comme le Français Yann le Cun. De nombreux modèles, touchant des sphères comme la médecine, la musique ou le langage, sortent de ses laboratoires.
Le parti pris de l'open source
L'entreprise a toujours beaucoup communiqué sur le résultat de ses recherches, à travers, notamment, des papiers scientifiques qui ont servi de piliers dans le développement de l'IA. Contrairement à Google et à OpenAi qui ont trahi leurs promesses initiales de conserver ouverts leurs travaux, Meta s'est toujours positionné en champion du logiciel libre (« open source »). Dans l'ombre de la furia ChatGPT, l'un de ses modèles les plus importants sortis ces derniers mois est Llama. À l'origine, ce concurrent libre du prodige d'OpenAi était exclusivement destiné à la recherche scientifique et aux chercheurs, la licence interdisant toute utilisation commerciale. Llama a servi de fondation pour un nombre important de « petits » concurrents de ChatGPT (Vicuna, WizardLm, Orca, etc.) qui, sans atteindre la puissance de leur grand rival, démontraient d'intéressantes qualités intrinsèques et portaient de belles promesses.
Au début de l'été, Meta a jeté un nouveau pavé dans la mare en rendant disponible Llama 2. Non seulement ce nouveau venu est plus performant, mais il est surtout (quasi) entièrement libre. Les développeurs et les chercheurs du monde entier ont accès au code source et, surtout, aux paramètres et aux poids – éléments qui permettent à un modèle de comprendre une question et d'y répondre de manière pertinente. Il est désormais possible pour tout un chacun de construire sur cette base solide. Si, en soi, la version « instruite » de Llama 2 est relativement décevante car bien trop contrainte par des règles de modération, la version libre, elle, permet de créer des déclinaisons performantes. Cela n'a d'ailleurs pas traîné : la plupart des modèles basés sur Llama premier du nom sont passés sur Llama 2 et surpassent la version 3.5 de ChatGPT.
Le cadeau de Meta
Ce don à la communauté libre est d'ampleur. Il faut avoir en tête que Microsoft a investi 10 milliards d'euros dans OpenAi pour finaliser le développement de ChatGPT. Or, l'entraînement d'un modèle de langage comme Llama 2 demande une puissance de calcul colossale. Son coût se compte donc en centaines de millions.
Bien sûr, Meta en tire un certain avantage. Si un concurrent libre ou gratuit émerge de la sortie de Llama 2, c'est toute la chaîne d'investissement de la concurrence qui sera mise à mal puisque plus difficile à rentabiliser. Selon des sources concordantes, ChatGPT coûte un milliard d'euros par mois rien qu'en coûts de calculs. Si les utilisateurs quittent le navire pour un concurrent plus accessible, il sera alors impossible de maintenir un tel niveau de dépenses sans sombrer. Meta en profite également pour endosser le rôle de chevalier blanc, redorant ainsi une image entachée de manière récurrente.
Pour le moment, le grand public sort gagnant de cette bataille de géants. La mise à disposition de modèles ouverts a déjà généré de grandes avancées technologiques permettant, par exemple, d'entraîner des modèles à moindre coût et avec moins de données et sortant l'IA des mains d'une poignée de grandes entreprises pour la rendre plus accessible.