Face à l'émergence de l'intelligence artificielle, à la numérisation à plusieurs vitesses de la société et aux enjeux grandissant du web et des réseaux sociaux, une grande concertation nationale s'imposait. C'est ce qu'opère le Conseil national de la refondation numérique depuis novembre dernier.
Inauguré en novembre dernier, le Conseil national de la refondation numérique, couramment appelé CNR Numérique, vient de rendre son premier rapport. Ayant pour ambition de redéfinir le paysage numérique français et né d'un désir de créer un espace collaboratif entre les différents acteurs du secteur, ce conseil s'est démarqué par sa démarche inclusive et innovante, rassemblant des citoyens, des acteurs du monde associatif, économique, de la recherche et des administrations. Cette variété de profils a permis de multiplier et de confronter les points vus afin d'enrichir le processus de prise de décision. Ce dialogue multi-acteurs a été facilité par l'adoption de plusieurs formats d'échanges, tels que des consultations en ligne, une concertation nationale sur l'inclusion numérique, trois groupes de travail à l'échelle nationale et une série d'ateliers de grande envergure. De plus, des concertations locales ont été organisées pour tenir compte des spécificités et des préoccupations de chaque territoire. Cette approche a permis de mettre en lumière la diversité des initiatives déjà mises en œuvre par différents acteurs pour répondre aux défis posés par la numérisation galopante de la société. Sa mission principale ? Établir des directives claires et ambitieuses pour l'avenir numérique de la France. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. En moins d'un an, 63 propositions concrètes et directement mobilisables ont vu le jour, témoignant de l'importance des enjeux et des préoccupations.
De grands axes et des engagements
Le Conseil national de la refondation numérique a concentré ses travaux autour de trois axes majeurs. Premièrement, l'apaisement de l'espace numérique a été mis en avant. Face à l'accroissement des violences en ligne, l'objectif est de mieux comprendre les phénomènes en jeu et de fournir de meilleures voies de recours pour les victimes. Deuxièmement, les transitions numériques au travail ont été considérées. Dans un monde où l'intelligence artificielle progresse rapidement, suscitant de nombreuses craintes, le CNR Numérique a cherché à accompagner les entreprises, notamment les TPE et PME, tout en plaçant l'humain au cœur de ce processus de transformation. Enfin, un volet important a été consacré à l'inclusion numérique. Pilotés par l'ANCT et la Mednum, des groupes d'experts ont conçu une feuille de route stratégique pour la période 2023-2027, nommée « France Numérique Ensemble ». Celle-ci se décline en 5 axes et 16 engagements. L'accent a aussi été mis sur la territorialisation des politiques d'inclusion numérique en assurant une coordination claire au niveau local, tout en stabilisant l'apport financier aux initiatives et en encourageant l'implication des entreprises. En ce qui concerne l'accompagnement des utilisateurs et l'équipement des professionnels, une attention particulière est accordée à l'apaisement des appréhensions vis-à-vis du numérique et à l'amélioration de l'accès à la formation, tout en promouvant un référentiel unique de compétences numériques. Les propositions pour le développement professionnel englobent la structuration de la médiation numérique et l'amélioration de la formation des conseillers numériques. Enfin, au niveau des données et de l'évaluation politique, le CNR préconise la création d'une « plateforme des données de l'inclusion numérique » pour optimiser le pilotage de la politique d'inclusion numérique et la mise en place d'un « Observatoire des compétences numériques ».