Le CES de Las Vegas, le grand rendez-vous annuel de tous les technophiles, vient de fermer ses portes. Après trois éditions marquées par la pandémie, ce salon unique a retrouvé sa fraîcheur et son enthousiasme, bien porté par la déferlante des intelligences artificielles génératrices. Retour sur un millésime singulier où les mouvements de fond rencontrent les innovations les plus farfelues.
Dans le kaléidoscope scintillant des innovations technologiques, le CES de Las Vegas, carrefour où les potentiels futurs, des plus probables au plus loufoques, se croisent, vient de refermer ses portes, laissant, en persistance rétinienne, un sillon de rêves numériques et de promesses technologiques… dont la plupart ne seront pas forcément tenues. C'est ce qui fait le charme de cette grand-messe annuelle : ce mélange entre des innovations qui vont révolutionner le monde – la première souris d'ordinateur, le GPS, les TV à écran plat, la GoPro, etc. – et celles qui relevaient de la douce folie d'inventeurs à la Géo Trouvetou (célèbre personnage Disney) un peu trop techno-enthousiastes.
Trois ans après la pandémie du Covid-19, Las Vegas a retrouvé son effervescence habituelle, accueillant, sous le regard amusé de la Sphere, nouveau dôme numérique de la cité qui ne dort jamais, des dizaines de milliers de participants. Parmi ce florilège d'inventions, certaines sortent du lot : comme les écrans transparents, les voitures de plus en plus connectées ou encore le Beamo, un multiscope digital (température de l'artère temporale, fréquence cardiaque, du taux d'oxygénation, électrocardiogramme, stéthoscope). D'autres ont laissé plus circonspects, tels la cabine de douche connectée ou un l'écran pour manette Xbox.
Au cœur de ce rendez-vous incontournable de la technologie, trois thèmes se sont détachés avec une force particulière : la réalité virtuelle, la maison connectée et l'automobile qui cherche désespérément à se passer de son conducteur.
La réalité virtuelle en plein délire ?
Dans la cité des rêves, il est normal que la réalité virtuelle trône en bonne place. Cette année, le salon de Las Vegas a été le théâtre d'une profusion presque surréaliste de casques VR, chacun promettant une évasion plus immersive dans des mondes numériques inexplorés. Au premier rang de cette parade étrange, le HTC Vive XR Elite est sorti du lot, tandis que Sony a repoussé les limites de son PlayStation VR2. Non loin, la startup française Lynx a défié les géants établis avec son audacieux casque de réalité mixte, parfait exemple de la bonne santé de la French Tech, toujours aussi en vogue outre-Atlantique. Ironie mordante, ce déferlement, qui est toujours très accroché à l'idée de moins en moins porteuse du métaverse (cet univers virtuel où tout le monde aurait son avatar), est en total décalage avec la réalité commerciale de la technologie, qui peine à séduire le grand public.
Même sentiment du côté de la maison connectée, toujours balbutiante. Il faut tout de même saluer la mise en place du label Matter, standard d'harmonisation entre les appareils provenant de marques différentes. La promesse d'une maison où chaque appareil, qu'il soit d'émanation d'Apple, Amazon ou Google, pourrait dialoguer en harmonie, a été faite lors de cette édition.
L'intelligence artificielle à toutes les sauces
Bien sûr, le CES 2024 n'a pas échappé à la déferlante de l'intelligence artificielle (IA), initiée par le géant ChatGPT. Pas un stand, pas une présentation, pas un objet qui ne mentionne, d'une manière ou d'une autre, l'IA. Pour le meilleur parfois, mais aussi souvent pour le pire. Le label semble être devenu un mot-clé cherchant à attirer l'intérêt des investisseurs, bien plus qu'une intégration qui faciliterait concrètement le quotidien. Parmi les innombrables objets dopés à l'IA générative, on peut toutefois citer le petit Rabit, gadget qui se met à la boutonnière, analyse ce qui se passe autour de son porteur et fait office de petit assistant à portée de main.
Deux éléments sortent également du lot. Le premier est l'intégration de plus en plus bluffante des algorithmes autonomes dans les voitures. Le second est la volonté affichée de géants comme Intel et Qualcom de rivaliser avec Nvidia dans la production de processeurs à même de répondre à l'appétit insatiable des modèles en termes de puissance de calcul. Comme souvent à Las Vegas, les véritables champs de force sont invisibles.