En imposant des obligations aux fabricants, notamment en matière de réparabilité et de recyclabilité de leurs accumulateurs, le nouveau règlement européen sur les batteries marque une étape importante dans l'objectif d'une électronique plus durable et écoresponsable. Adopté le 12 juillet dernier, ce texte ambitionne de réduire l'impact environnemental du secteur. Derrière les annonces, quel changement concret peut-on attendre de ce nouveau cadre réglementaire ?
Dans les cartons depuis plusieurs années, un nouveau règlement européen vient durcir la réglementation en vigueur concernant les appareils électroniques et, en particulier, leurs batteries. Ce nouveau texte constitue indéniablement un pas en avant vers plus de réparabilité et de recyclabilité de ces pièces si sensibles. L'une de ces dispositions phares impose aux fabricants de rendre le remplacement des batteries « facile » d'ici à 2028 pour tous les appareils nomades tels que smartphones, tablettes ou ordinateurs portables. Concrètement, les utilisateurs devraient pouvoir ôter et changer eux-mêmes la batterie de leurs appareils, sans outils complexes ni démontage laborieux. Si des précisions sont encore attendues sur les modalités, ce changement devrait favoriser l'allongement de la durée de vie des produits en permettant de remplacer les accumulateurs usagés. Par ailleurs, le règlement fixe des objectifs ambitieux en matière de collecte et de recyclage. Les taux devront atteindre 65 % en 2026 et 70 % en 2030 pour les batteries au lithium, avec des exigences spécifiques concernant la récupération des métaux stratégiques comme le lithium ou le cobalt. Surtout, le texte interdit purement et simplement l'incinération ou la mise en décharge des déchets de batteries, obligeant à trouver des procédés viables de recyclage. Diverses mesures visent à améliorer la traçabilité et réduire l'impact carbone sur l'ensemble du cycle de vie des batteries. Enfin, le cadre réglementaire prévoit de prendre en compte les conditions sociales de ceux qui fabriquent les batteries. Si des limites persistent, ces avancées témoignent d'une volonté d'impulser une transition écologique dans ce secteur stratégique.
Des incertitudes à lever
La nouvelle réglementation sur les batteries présente certaines zones de flou qu'il conviendra de lever. Tout d'abord, bien que le texte exige que le remplacement des batteries soit rendu plus facile dans les appareils électroniques portables, il n'impose pas aux fabricants de revenir aux batteries entièrement démontables. Cela signifie que certains dispositifs pourraient encore présenter des obstacles techniques au démontage, tels que des nappes électroniques délicates à manipuler. De plus, la réglementation laisse une certaine marge d'interprétation aux fabricants, ce qui pourrait entraîner des variations dans la facilité de remplacement des batteries d'un appareil à l'autre. Certains appareils étanches pourraient même être exemptés de l'exigence de démontage facile, soulevant ainsi des préoccupations quant à l'uniformité de l'application de la réglementation. Par ailleurs, bien que des objectifs ambitieux de collecte et de recyclage des batteries en fin de vie soient fixés, il est important de noter les défis liés à la sensibilisation du public, à la récupération des batteries auprès des particuliers et des professionnels, ainsi qu'à la disponibilité des infrastructures de recyclage. En outre, certaines mesures visant à garantir la transparence et la responsabilité sociale dans la chaîne d'approvisionnement des matériaux utilisés dans les batteries qui peuvent être difficiles à mettre en œuvre, compte tenu des contraintes liées aux contrôles dans des régions éloignées et des capacités limitées des organismes de réglementation en ce qui concerne les moyens de rétorsion. Ces limites soulignent la nécessité d'un suivi attentif et d'une évaluation régulière de la mise en œuvre de la réglementation afin de garantir son efficacité et son évolution continue. Le chemin est encore long.