En 2019, Amazon emboîtait le pas d'Elon Musk en lançant un vaste programme spatial. Baptisé Kuiper, ce projet a pour mission d'envoyer des satellites en orbite terrestre afin d'offrir un accès à internet à l'ensemble de la planète. Prévus pour la fin 2022, les premiers lancements ont finalement eu lieu début octobre, au grand dam des astronomes.
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, n'a jamais caché sa volonté d'aller, un jour, conquérir l'espace. Ce ne fut donc qu'une demi-surprise lorsque le géant de la distribution en ligne, en 2019, a annoncé le lancement de son projet Kuiper. La mission de ce programme spatial est d'élargir l'accès à internet dans le monde, en particulier dans les régions mal desservies. Pour la mener à bien, Amazon prévoit de lancer une constellation de 3 236 satellites en orbite terrestre basse (LEO), positionnés à des altitudes de 590, 610 et 630 km, pour fournir une connexion internet à haut débit avec un faible taux de latence. Cette initiative place Amazon en concurrence directe avec d'autres acteurs majeurs comme SpaceX et son projet Starlink. Le 6 octobre dernier, le projet Kuiper a franchi une étape cruciale avec les lancements de ses deux premiers satellites prototypes. Ces derniers ont été effectués grâce à une fusée Atlas V fournie par United Launch Alliance (ULA), marquant le début d'une série de lancements qui contribueront à constituer la constellation de satellites. Pour l'occasion, Amazon a scellé des partenariats avec des sociétés, dont Arianespace, Blue Origin et ULA. Ce ne sont pas moins de 83 lancements qui sont prévus. Ces collaborations trahissent la démesure du projet Kuiper, et soulignent également la concurrence serrée dans le domaine de l'internet spatial où les ombres de la Chine et de l'Inde rôdent. Kuiper est porté par une équipe dédiée comprenant plus de 1 000 ingénieurs, programmeurs et personnels d'assistance pour concrétiser la vision d'un internet accessible globalement. Les prototypes ayant été placés en orbite avec succès, le premier lancement commercial de Kuiper est prévu pour la première moitié de 2024, avec des tests de communication peu de temps après.
Embouteillage dans l'espace
Pour assurer la communication entre la Terre et les satellites, Amazon a conçu des antennes de passerelle afin d'envoyer et de recevoir les données clients, ainsi que des antennes de télémétrie, de suivi et de contrôle pour surveiller de commander les satellites. Côté utilisateur, Amazon a dévoilé trois modèles de récepteurs, chacun adapté à des besoins différents. Le modèle compact destiné aux particuliers, avec un format de 17 cm et un poids de 450 g, promet des débits jusqu'à 100 Mb/s. Une variante de 30 cm pour une installation fixe permettra d'atteindre un débit de 400 Mb/s, tandis que le modèle le plus grand, destiné aux entreprises et installations gouvernementales, promet un débit maximal de 1 Gb/s. Le déploiement d'une telle constellation de satellites présente des défis et des implications considérables. La communauté astronomique tire la sonnette d'alarme et dénonce la pollution lumineuse et l'encombrement de l'orbite terrestre basse. Avec déjà un nombre croissant d'objets en orbite, l'ajout de milliers de satellites supplémentaires pourrait entraver les observations astronomiques et augmenter les risques de collision spatiale, ce qui exige une gestion minutieuse des trajectoires et des orbites. Sans parler de la décharge à ciel ouvert qu'est en train de devenir l'espace proche. Est-ce le prix à payer pour faciliter l'accès à internet, surtout dans les régions reculées et mal desservies, avec les impacts positifs sur l'éducation ou encore les services d'urgence dans ces régions ? La question reste ouverte.