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Apple à saut de puce

Apple conclut sa série de conférences par la présentation de ses futurs MacBook et MacMini. Cette année a toutefois vu le catalogue des nouveautés à prévoir céder sa place à un véritable coup de tonnerre : la firme de Cupertino tourne le dos à Intel et lance la production de ses propres processeurs qui viendront unifier le monde du mobile et celui de l'ordinateur. Une nouvelle ère s'ouvre.

Le 10 novembre dernier, Apple achevait son cycle de conférences annuelles par une présentation de ses futurs ordinateurs portables et Mini. Après les montres, puis l'iPhone 12, la firme de Cupertino avait encore « one more thing » (une dernière chose) à partager. Comme pour mieux montrer son importance dans l'histoire de la Pomme, la présentation du 10 novembre a pris comme appellation la célèbre formule qu'utilisait en son temps Steve Jobs lorsqu'il achevait ses keynotes pour annoncer une ultime surprise. Apple a en effet décidé de tourner le dos à Intel et de produire ses propres processeurs pour ses ordinateurs. Le géant américain a déjà une longue expérience en la matière puisqu'il produit les composants de ses iPads et de ses iPhones depuis de nombreuses années. C'est l'ensemble de la chaîne qu'il maîtrise désormais.

Changement d'architecture

Pour bien comprendre les implications d'un tel changement, il faut revenir à la structure actuelle de l'informatique moderne. Le monde des machines grand public est aujourd'hui divisé en trois grandes familles. Tout d'abord, il y a les ordinateurs de bureau qui, d'une part, sont constamment branchés à une source d'énergie et, d'autre part, jouissent d'un encombrement qui leur permet d'intégrer des systèmes performants de refroidissement. Ces machines sont ainsi capables d'exécuter des tâches lourdes et des calculs complexes. Il y a ensuite les ordinateurs portables qui doivent composer avec un espace disponible réduit pour le refroidissement et sont contraints de fonctionner sur batterie sans la vider sur-le-champ. Confrontés à des logiciels initialement conçus pour des systèmes de bureau, les portables sont appelés à trouver le meilleur compromis entre performance et mobilité. Il y a enfin les smartphones et les tablettes qui ne peuvent ni compter sur un refroidissement actif ni sur des composants surpuissants, même si les modèles sont chaque année plus performants. Les ordinateurs de bureau et portables reposent aujourd'hui sur une architecture, c'est-à-dire un ensemble de composants, de la même famille, en l'occurrence X86, portée par les processeurs Intel et AMD. Les smartphones s'appuient sur des puces ARM, chasse gardée de Nvidia. Apple a décidé que cette dichotomie avait assez duré et qu'il était grand temps de réunir les lignées. Ce changement de paradigme est rare : l'informatique n'a connu que deux changements d'architecture lors des vingt dernières années.

Puissance et maîtrise

Ce sont donc des puces M1, pendant de l'A14 sur l'iPhone 12, qui seront désormais aux commandes des MacBook Air, Pro et Mac Mini. Sans rentrer dans les détails techniques, la structure de cette puce est assez classique : quatre cœurs s'occupent des tâches les moins lourdes et s'attachent à consommer le moins possible d'énergie, quatre autres ont en charge les calculs les plus complexes. L'Apple Silicon M1 contient 16 milliards de transistors tout en étant gravé en 5 nanomètres, ce qui permet de monter en cadence sans surchauffe excessive. Dans les faits, les ordinateurs M ainsi dotés seront plus performants que leurs équivalents chez Intel, plus endurants et moins bruyants. Le prochain MacBook Pro qui arrivera à la fin du mois aura, par exemple, une autonomie effective de plus de 20 heures. Les familles étant réunies, les logiciels et applications qui fonctionneront à la fois sur MacBook, iPad et sur iPhone seront de plus en plus nombreuses offrant une plus grande uniformité de l'écosystème de travail. Enfin, Apple ne devant plus rien payer à Intel, les machines coûtent (un peu) moins cher. Le MacBook Air M1 est ainsi affiché à 1 129 € en prix d'entrée tandis que le premier MacBook Pro est à 1 449 €.

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