Comme les arbres, les petits fruits aussi se plantent à racines nues

Après la chute des feuilles, y compris avant la sainte Catherine, et ce durant tout l'hiver, on recommande, avec raison, de planter les arbres fruitiers à racines nues. Cette forme de plantation, avantageuse à bien des égards, s'applique aussi à tous les petits fruits. Framboisiers, fraisiers, groseilliers, bas les pots !

« Va donc, sans autre ornement, parfum, perles, diamant, que ta maigre nudité, Ô ma beauté ! » Ainsi Baudelaire finit-il son poème « À une mendiante rousse »… et ainsi commence la plantation des arbrisseaux à petits fruits vendus à racines nues.

Une nudité avantageuse

Comme les arbres fruitiers, de novembre à février, les petits fruits dits « à racines nues » sont vendus sans pot. On englobe sous cette appellation les framboisiers, groseilliers, cassissiers, mûriers et autres casseilliers. Ce sont de jeunes boutures de l'année, dont l'aspect fruste se résume à une tige sans feuilles d'une vingtaine de centimètres, terminée par un chevelu de racines ébouriffées. Elles sont trop jeunes pour avoir eu le temps de végéter dans un godet étriqué, contrairement aux sujets en pot généralement plus âgés et restreints par le faible volume du contenant. Ceux-ci ont souvent les racines qui tournent le long des parois du pot et il faut se résoudre, avant la plantation, à démêler ce chignon en le coupant sévèrement au sécateur. Libre de ses mouvements, le système racinaire des plantes à racines nues est, au contraire, bien disposé et prêt à s'enfoncer profondément dans le sol, gage d'une bonne reprise.

Un sommeil bien pratique

Les petits fruitiers à racines nues se trouvent dans les pépinières spécialisées, dont la plupart ont pignon sur rue sur le web. Faciles à manipuler, puisqu'ils sont au repos végétatif, ils supportent la mise en fagot et l'expédition par colis. Il n'y a donc aucun risque à les commander en ligne. Attention toutefois, le dessèchement les menace. C'est pourquoi, si vous ne pouvez pas mettre les plantes en terre rapidement après l'achat ou la réception (manque de temps, sol gelé…), il faut prévoir de les placer immédiatement en jauge dans la terre ou, à défaut, d'emballer les racines dans un pot rempli de terre mouillée. Dans un substrat humide, elles sont ainsi capables de rester plusieurs jours sans problème, y compris en position horizontale.

Habille-toi que je te praline

Pour préparer une bonne reprise, il faut d'abord, avant la plantation, retailler légèrement les racines afin de les rafraîchir en les raccourcissant de quelques centimètres. C'est ce que l'on appelle l'habillage. Il permet de préparer un départ optimal du nouveau chevelu racinaire. Pour favoriser la reprise, l'étape du pralinage, si elle n'est pas obligatoire, est fortement recommandée, car elle réhydrate les racines en profondeur, protège les plaies de l'intrusion de maladies et favorise l'émission de nouvelles radicelles. Pour ce faire, trempez pendant une heure ou deux les racines de la plante dans une bouillie argilo-organique, le pralin, qu'on peut trouver prêt à l'emploi dans le commerce. Par la suite, la plantation en elle-même est habituelle.

Paré à partir en trombe

Du fait de leur jeune âge, ces boutures sont relativement peu productives durant la première année, encore que, framboisiers et fraisiers repartent généralement en fanfare. Il n'en reste pas moins que leur enracinement sera rapide et profond, à condition que l'arrosage soit de la partie pendant le premier été. Un petit apport d'engrais organique ainsi qu'un paillage épais favorisant l'humidité et le développement d'une terre humifère leur seront fortement favorables.

Gros avantage économique

Puisque les boutures n'ont pas nécessité de rempotage à mesure de leur développement, elles requièrent moins de main-d'œuvre et de matériaux dans les pépinières et coûtent de ce fait 30 à 50 % moins cher.