La hausse vertigineuse des taux d'intérêt n'est pas près de s'arrêter ! Avec des taux d'usure qui s'établissent à plus de 5 % au 1er août, les spécialistes estiment que les prêts immobiliers se négocieront aux alentours de 4,5 % d'ici la fin de l'année.
Les candidats à la propriété tout comme ceux qui espèrent revendre leur bien pour en acheter un autre font grise mine. Voilà déjà plus d'un an que l'envolée des taux d'intérêt ne cesse de s'accentuer, réduisant chaque jour un peu plus les capacités financières des ménages. Alors que les banques ne prêtaient quasiment plus en raison de taux bien inférieurs à ceux de l'inflation, l'État a en effet espéré débloquer la situation en révisant les modalités de calcul des taux d'usure. L'objectif : permettre aux établissements bancaires d'augmenter leurs taux de crédit et ainsi faire passer davantage de dossiers, quitte à emprunter moins à mensualité égale. Tandis que ces taux maximums auxquels les banques ont le droit de prêter sont d'ordinaires fixés pour 3 mois par la Banque de France, ils sont révisés de façon mensuelle depuis le 1er février 2023. Résultat : ils grimpent en flèche… tout comme les taux d'intérêt des banques.
Seuil symbolique
Au 1er août, les nouveaux taux d'usure applicables ont atteint 5,12 % pour les prêts immobiliers à taux fixe d'une durée comprise entre 10 et 20 ans, tandis qu'ils s'élèvent à 5,33 % pour une durée supérieure. Par comparaison, rappelons qu'ils étaient respectivement de 3,53 % et 3,57 % au 1er janvier 2023. C'est d'ailleurs la première fois depuis 2012 que ces taux dépassent le seuil symbolique des 5 % sur toutes les durées de crédits supérieures à 10 ans.
Bien entendu, les banques profitent de ces hausses successives pour augmenter leurs taux de crédits, mois après mois. En juillet, le réseau de courtage VousFinancer faisait ainsi état de taux d'intérêt moyens de 3,75 % sur 15 ans, 3,90 % sur 20 ans et 4,2 % sur 25 ans, mais avec des taux fréquemment proposés à plus de 4 % sur 20 ans et plus. Or, la tendance n'est pas près de s'inverser puisqu'un arrêté du 27 juin a prolongé le dispositif de révision mensuelle des taux d'usure jusqu'au 1er janvier 2024, alors qu'il devait initialement s'arrêter cet été.
Intérêts vertigineux
« Dans ce contexte, avec cette remontée très rapide des taux d'usure et la poursuite par la Banque centrale européenne de sa politique de hausse des taux directeurs pour juguler l'inflation, nous maintenons notre scénario de taux à 4,5 % d'ici la fin de l'année, et peut-être même la réapparition de taux à 5 % début 2024 », commente Julie Bachet, directrice générale de VousFinancer, dans un communiqué. Une bien mauvaise nouvelle pour tous ceux qui espèrent acheter…
Alors que l'État entendait relancer le marché grâce au déblocage des taux d'usure, le résultat est d'ailleurs plus que mitigé puisque « la demande de crédits a atteint des niveaux historiquement bas ». Et de conclure : « Cela devrait être encore le cas ces prochaines semaines compte tenu du fait que les emprunteurs voient leur capacité d'emprunt chuter mois après mois, ce qui, sans baisses de prix significatives, les conduit pour beaucoup dans l'incapacité d'acheter actuellement ».