Depuis le 1er mars 2025, les médicaments contenant du tramadol, de la codéine ou de la dihydrocodéine doivent être prescrits via une ordonnance sécurisée. Une décision prise par l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) en septembre 2024 afin de limiter les risques de mésusage, de dépendance et de falsification.
Peu de changement pour les patients
Concrètement, rien ne change pour les personnes qui se voient prescrire ce type de médicament – soit près de 5 millions de Français chaque année, en ce qui concerne le tramadol. L'adaptation concerne ainsi plutôt les professionnels de santé, médecins et pharmaciens. Les nouvelles ordonnances comportent un filigrane, un numéro de suivi ainsi qu'un cadre destiné au médecin pour apposer sa signature. Ce dernier doit également préciser le nom, la durée du traitement et la posologie. Les ordonnances établies avant cette date restent toutefois valables jusqu'à la fin de la durée de traitement, qui est désormais réduite à 12 semaines maximum (renouvelables).
Éviter le pire
Comme le précise à l'AFP Philippe Vella, directeur médical à l'ANSM, « en 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur. » Indiqués dans le cadre de douleurs modérées à sévères, ces médicaments sont parmi les opioïdes les plus prescrits en France. Or ces antalgiques présentent, comme tous les dérivés de l'opium, un caractère particulièrement addictif. Les Français sont par ailleurs mal renseignés face aux risques de surdosage : d'après un sondage mené par l'Observatoire français des médicaments antalgiques (Ofma) en 2022, près de 9 usagers de tramadol ou codéine sur 10 ignorent le risque d'arrêt respiratoire en cas de surdosage. Ces ordonnances sécurisées devraient ainsi éviter leur surconsommation. Dans le but d'éviter un scénario catastrophe à l'américaine, où la crise des opioïdes fait rage depuis la fin des années 1990.