Santé

Chirurgie esthétique, gare aux dérives

Très populaires chez les jeunes, la chirurgie et la médecine esthétiques se consomment désormais comme n'importe quel produit de beauté. Une tendance qui a permis l'essor de centres d'esthétique pratiquant certains actes pourtant légalement réservés aux médecins. Or, ces abus peuvent avoir des effets extrêmement délétères.

Jamais la chirurgie esthétique n'aura été aussi populaire ! Banalisée et surconsommée, elle séduit aujourd'hui majoritairement les jeunes. Face à la demande croissante des actes de chirurgie et de médecine esthétiques, bon nombre de professionnels de la beauté, qui n'ont aucune formation médicale, proposent désormais des actes normalement réservés aux médecins. Ces dérives, qui peuvent mettre en danger les patients, sont en plus alimentées par un vide juridique colossal qui permet de flirter avec les limites de la légalité. On a rencontré le Dr Alexandre Koutsomanis, chirurgien esthétique à Paris, qui nous en dit plus.

Des pratiques illégales

En France, il faut distinguer la chirurgie de la médecine esthétique. « La chirurgie ne peut être pratiquée que par un médecin détenteur d'un diplôme de médecine générale et d'un diplôme d'études spécialisées en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. C'est une formation de 13 ans. La médecine esthétique, elle, est moins encadrée car il n'existe pas de véritable diplôme universitaire. En théorie, n'importe quel médecin peut passer la formation payante en quelques semaines et exercer la médecine esthétique », nous explique le Dr Koutsomanis. Ainsi, un généraliste, un dermatologue ou même un pédiatre y est autorisé s'il a suivi la formation adéquate. Néanmoins, seuls les professionnels détenteurs a minima d'un diplôme de médecine générale y ont accès. Les centres de beauté qui proposent par exemple des injections d'acide hyaluronique sont donc dans l'illégalité : « S'il n'y a pas de médecin qui pratique le geste dans ces centres, c'est strictement interdit », précise encore notre interlocuteur.
Quant à d'autres pratiques, comme le Hyaluron pen (un stylo qui permet une injection sans aiguille), le Dr Koutsomanis pointe l'existence d'un vide juridique : « Ici, le cadre légal est très flou. En théorie médicale, l'utilisation d'un Hyaluron pen n'a pas de risque vasculaire, c'est-à-dire qu'il ne peut pas boucher une veine ou une artère et donc créer une nécrose car l'injection est superficielle. Il n'est donc pas illégal pour un médecin de déléguer ce geste en cabinet médical. Mais ce qui est sûr, c'est qu'une esthéticienne n'a pas le droit de le pratiquer. » 
Quant au botox, notre professionnel insiste sur le fait que l'utilisation de ce produit est réservée uniquement aux chirurgiens esthétiques, maxillo-facial et dermatologues. « Les autres médecins n'ont pas le droit d'en acheter mais ces produits sont souvent très accessibles en pharmacie », regrette-t-il encore.

Les jeunes, principaux consommateurs

Outre les centres de beauté qui pratiquent la médecine esthétique en toute illégalité, une autre tendance inquiète les professionnels. Selon un rapport de l'International Master Course of Aging Skin, un congrès qui réunit les spécialistes du secteur, les 18-34 ans ont désormais davantage recours à la chirurgie que les 40-60 ans. Un phénomène que le Dr Koutsomanis a observé dans son cabinet : « Il y a clairement un rajeunissement de la patientèle mais aussi un changement dans les mentalités. Les 18-25 n'ont plus peur des actes de chirurgie, ils en font la promotion et ont des demandes extrêmement précises comme la nymphoplastie (chirurgie des petites lèvres). »
Cette tendance est exacerbée par l'effet « réseaux sociaux » qui donne lieu à des requêtes pas toujours évidentes à gérer pour les médecins : « Certaines patientes ne comprennent pas que le visage d'une autre ne peut pas forcément coller au leur. Notre rôle, c'est de les recadrer, leur donner des stops et surtout bien leur expliquer les raisons pour lesquelles on refuse de faire telle ou telle intervention », explique le Dr Koutsomanis.

Des demandes surtout structurelles

Plus inquiétant encore, les jeunes ont surtout des envies de chirurgie structurelle : « Les demandes portent sur des interventions qui vont modifier certaines parties du visage comme le nez, les pommettes, les mâchoires, l'ovale du visage, etc., là où les 40-50 ans vont se satisfaire d'injections régulières ou intervenir sur un gros complexe seulement », détaille notre médecin. La jeune génération a donc une consommation plus régulière et importante de la chirurgie esthétique, tandis que les plus âgés y ont recours ponctuellement.
Mais à long terme, cette dépendance peut avoir des effets délétères. « Le risque c'est de rentrer dans l'abus. L'excès d'acide hyaluronique, par exemple, peut engendrer des petits kystes, des granulomes, car c'est un produit qui n'est pas 100 % biodégradable. Cela entraîne des déformations, comme la bouche de canard, qu'il faut traiter avec d'autres produits ou par la chirurgie », met en garde le Dr Koutsomanis. Son conseil ? Bien réfléchir avant de se lancer et surtout en discuter longuement avec un professionnel.

M.K
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