Les deux frères ennemis du jeu vidéo, Sony et Microsoft, viennent de signer un partenariat de grande ampleur. L'objectif affiché par les géants américains et japonais est de répondre à la nouvelle menace qu'Amazon et Google font planer sur ce juteux marché avec leurs futurs services de streaming.
L'histoire du jeu vidéo a toujours été structurée par de mythiques antagonismes. Atari et 3DO, Nintendo et Sega, Sony et Microsoft, Fifa et PES. Le dernier choc des titans, qui a tourné en faveur du Japonais si l'on en croit les résultats exceptionnels de la PlayStation 4 comparés à ceux, plus décevants, de la Xbox One, a duré près de 20 ans. La première console de l'ogre américain est en effet sortie en 2001. Deux décennies à ferrailler avec acharnement, ça rapproche ! Alors que Sony ne cesse de distiller des informations sur sa prochaine PS5, prévue pour la fin d'année prochaine, les deux firmes ont décidé de signer la paix des braves et de s'unir contre une menace qui commence à dévoiler ses contours.
La tête dans les nuages
Il y a quelques semaines, Google dévoilait en effet un nouveau service, Stadia, qui a toutes les chances de changer durablement le paysage vidéoludique mondial. De son côté, Amazon, après avoir phagocyté l'univers de la distribution, s'est bâti un empire dans le cloud, ces services décentralisés gérés par des serveurs à distance. À la suite de quoi, il a investi de manière colossale dans des outils destinés aux entreprises du secteur du jeu vidéo, sans oublier le rachat à prix d'or de la plateforme de diffusion préférée des amateurs d'e-sport, Twitch. Pour ces deux mastodontes, dont la puissance de feu cumulée est bien plus importante que celle de Sony ou de Microsoft, malgré leur bonne santé actuelle, l'avenir du divertissement en général et du jeu vidéo en particulier s'écrira dans les nuages. Leur objectif est simple : proposer aux joueurs un service qui leur permettrait d'avoir accès à tous leurs titres quel que soit le support (mobile, télévision, console de jeux, ordinateur, etc.) et où qu'ils soient dans le monde, à condition qu'ils aient un accès internet haut débit. La puissance de calcul est prise en charge par les serveurs d'Amazon ou de Google qui envoient simplement au terminal connecté les informations à afficher. La réduction de la latence et l'augmentation de la vitesse de transmission des données rendent possible cette prouesse. L'avènement prochain de la 5G devrait même rendre l'expérience encore plus fluide que sur n'importe quelle machine détenue par les joueurs. Résultat : plus besoin d'investir régulièrement dans du matériel toujours plus puissant pour faire tourner ses jeux vidéo préférés.
On l'aura compris, cet avantage indéniable met directement à mal le modèle de Sony et de Microsoft qui sont avant tout des vendeurs de matériel (PlayStation, XBox) et de licences de diffusion sur ce matériel. La fiche technique époustouflante de la prochaine PS5, véritable machine de guerre, est là pour en témoigner.
Main dans la main
Or, Microsoft a depuis longtemps senti le vent de la dématérialisation se renforcer et gagner les nuages. La firme de Redmond est l'un des leaders mondiaux du cloud et tire une grande partie de ses revenus des services qu'elle a implantés dans les nuages. Microsoft détient déjà des infrastructures solides dans le domaine. Le partenariat signé avec Sony permet de mettre en avant le savoir-faire respectif des deux acteurs. L'entreprise japonaise pourra proposer aux joueurs des services de jeu en continu et de nouveaux outils de développement pour les développeurs. « Je pense que le développement conjoint de solutions dans le cloud à l'avenir contribuera grandement à l'avancement du contenu interactif », explique Kenichiro Yoshida, le directeur général de Sony.
La maison mère de Windows bénéficiera quant à elle de l'avance prise par son homologue nippon dans le domaine de l'imagerie. Bien qu'à la pointe dans les solutions basées sur l'intelligence artificielle, Microsoft a du mal à implanter ses avancées dans des objets grand public, comme des appareils photos. Ce partenariat, dont les lignes sont encore à préciser, comble ainsi les lacunes de l'un par les forces de l'autre et voit naître un nouveau mastodonte du divertissement et des nouvelles technologies.