Red Bull vient de signer un partenariat exclusif avec l'éditeur du célèbre jeu compétitif League of Legends, confirmant l'implantation galopante des boissons énergisantes dans le monde du jeu vidéo. Pourtant, leur consommation n'est pas anodine et doit se faire en connaissance de cause. Éclaircissement.
Après Louis Vuitton ou Mastercard, c'est au tour de Red Bull d'annoncer un partenariat de premier plan avec l'éditeur Riot Games, le papa de League of Legends, l'un des plus célèbres jeux compétitifs. Il faut reconnaître aux fabricants de boissons énergisantes l'importance de leur implication dans le monde sportif. De nombreuses disciplines, notamment dans les sports extrêmes et les compétitions automobiles, doivent beaucoup à ces sponsors providentiels et ne pourraient exister sans. Souhaitant toucher une cible jeune qui boude les médias traditionnels comme la télévision, les grandes marques ont naturellement largement investi dans l'e-sport, vitrine compétitive du jeu vidéo. Associée à plus de 500 sportifs dans le monde, ainsi qu'à environ 600 manifestations « sportives », Red Bull, par exemple, est la marque qui sponsorise le plus d'équipes professionnelles et d'athlètes de la scène e-sport (Vitality, G2, Ence, etc.). À l'image de son concurrent direct autrichien, Monster Energy est lui aussi sponsor de plusieurs grosses écuries prestigieuses (Natus Vincere, Team Liquid, Be Genius, etc.).
Présentation ambiguë
Or, par un savant jeu sémantique, les fabricants jouent sur la proximité entre boisson énergisante et énergétique. Composées de sels minéraux, de sucres plus ou moins rapides et de produits hydratants, les boissons énergétiques sont adaptées aux besoins des sportifs, à l'inverse de leurs lointaines cousines industrielles. Quoi qu'en dise un marketing rondement mené, les versions énergisantes, elles, ne sont absolument pas adaptées à la pratique du sport et leur consommation n'est pas indiquée, même dans un contexte de loisir ou de détente.
Risques cardiovaculaires
Une canette de boisson énergisante contient environ 80 mg de caféine. Avec deux, on entre donc immédiatement dans la dose de perception des effets secondaires (entre 100 et 160 mg/j) et on s'approche dangereusement de la limite supérieure de consommation admise (200mg/j). La caféine est connue pour, à forte dose, réduire la fatigue du système nerveux central et accroître temporairement les performances neuromusculaires, c'est entendu. Elle a même figuré jusqu'en 2008 sur la liste des interdictions de l'AMA pour ces raisons. Afin d'être vraiment efficace toutefois, cette molécule devrait être prise à des doses si importantes que ses effets secondaires néfastes viendraient immédiatement annuler ses bienfaits. Surtout quand la caféine, comme c'est le cas dans les boissons énergisantes, est associée à d'autres substances concentrées, telles que le sucre ou la taurine. La présence en si grande concentration d'excitants entraîne des effets secondaires qui peuvent aller de la tachycardie à la vasoconstriction périphérique, en passant par l'hypertension. De plus, la vitamine B ou la taurine, présentes à des doses proches des limites admises – surtout dans le cadre d'un effort soutenu qui, par le phénomène de déshydratation (sudation), renforce la concentration dans le sang –, augmentent encore ces risques. Paradoxalement, l'effet excitant des boissons énergisantes va à l'encontre des améliorations recherchées lors de leur prise. Une excitation trop intense engendre en effet irritabilité, déconcentration et stress aux dépens de la performance sportive. Dans le cadre du travail, pour le fameux petit « coup de boost », ou dans celui des études, pour réviser ses examens, le recours à ces boissons aura, pour les mêmes raisons, les effets inverses à ceux recherchés. On ne travaille pas mieux et on ne retient rien lorsque l'on est irritable, énervé, fatigué. Les boissons énergisantes ne donnent pas d'aile.