Pour les arnaqueurs, la crise sanitaire n'est qu'une opportunité de plus. Durant le confinement, les fraudes se sont multipliées et l'inventivité des escrocs a encore une fois été démontrée. Le déconfinement en cours ne sifflera pas la fin de la récréation. La vigilance est plus que jamais de mise.
La peur et l'angoisse sont les meilleures complices des escrocs. Il aurait ainsi été étonnant que charlatans et margoulins ne profitent pas de la crise sanitaire pour faire prospérer leur pernicieux commerce. Le coronavirus leur a offert un contexte d'anxiété propice. La plateforme publique Cybermalveillance.gouv.fr, qui aide les entreprises et particuliers victimes de pratiques frauduleuses, a en effet constaté une augmentation de 40 % des actes malveillants durant le confinement.
Des tactiques aguerries
Les escrocs n'ont pas nécessairement eu à forcer leur talent : ils ont su adapter de vieilles tactiques à la narration offerte par la crise. Le nombre de SMS qui avaient pour objectif de dérober les coordonnées bancaires de leurs destinataires a notamment été multiplié par deux. Les faux sites de vente de masques de protection ou de gel hydroalcoolique ont également fleuri. Le principe est éternel – une plateforme de vente qui propose des produits qui ne seront jamais livrés –, seule la forme change. Avec la pénurie et les injonctions à se protéger, les acheteurs ont baissé leur garde. Près de 15 000 consommateurs ont ainsi été victimes d'une dizaine de sites fantômes.
L'arnaque aux fausses attestations a également fait florès. Des sites ont tout simplement vendu ces précieux sésames pourtant disponibles gratuitement sur le portail du ministère de l'Intérieur. Les activités numériques ayant fortement augmenté durant cette période, le théâtre des opérations n'en a été que plus facile à arpenter pour les voleurs. Les fausses cagnottes en ligne pour aider le personnel soignant ont été, par exemple, un excellent vecteur d'enrichissement de personnages peu scrupuleux. Alors que la vente par correspondance a explosé ces derniers mois, les SMS de livraison, du type « nous ne sommes pas parvenus à vous livrer votre colis, veuillez vous rendre à l'adresse suivante » avec un lien malveillant, sont aussi parvenus à tromper de nombreuses personnes.
Des menaces toujours présentes
Il ne faut pas croire que le déconfinement marquera la fin de ces agissements. On ne compte déjà plus les mails qui promettent un placement financier sûr avec en toile de fond le risque d'écroulement économique. Attention également aux promesses de médicaments miracles qui sont, au mieux des placébos, au pire des produits dangereux. Les fausses cagnottes ne vont pas disparaître : ici ce sera pour aider la recherche, là pour soutenir les malades ou les familles de victimes. En outre, le déploiement de l'application Stop Covid, qui a été autorisé par le Parlement, aura le grand désavantage d'offrir une nouvelle porte dérobée aux escrocs. Les SMS indiquant « une personne avec laquelle vous avez été en contact a été testée positif au Covid-19 et vous recommande de vous isoler. Plus à cette adresse. », avec, une nouvelle fois, un lien vers un site qui a pour objectif de siphonner les données sensibles, pullulent déjà. Les courriels proposant des dépistages gratuits aussi. Certaines arnaques paraissent grossières, mais les escrocs misent sur la loi du nombre.
La règle d'or est de ne jamais communiquer ses informations bancaires après avoir cliqué sur un lien reçu par SMS ou mail. Il faut toujours se connecter à l'espace client sécurisé de l'entreprise ou de l'organisme en question via votre moteur de recherche. Le site de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) recense la plupart des entourloupes, n'hésitez pas à le consulter. Au moindre doute après un versement d'argent, il convient de faire opposition sur sa carte bancaire. Mais les arnaques à la CB ne sont pas les seuls vecteurs, les numéros surtaxés sont aussi des canaux privilégiés. Là encore, la règle est de bien vérifier les coordonnées de son correspondant avant d'appeler. En cette période troublée et anxiogène, il est indispensable redoubler de vigilance.