Trois ans après avoir atteint les 20 000 $ puis avoir connu une plongée vertigineuse, le bitcoin dépasse une nouvelle fois son plus haut historique. La sulfureuse monnaie virtuelle revient ainsi sur le devant de la scène des investissements à risque. Retour sur une histoire à rebondissements.
Nous sommes en 2017. Le bitcoin, la reine des cryptomonnaies, se retrouve au centre d'un véritable ouragan médiatique. En quelques mois, d'avril à décembre, la valeur de la devise digitale passe de 1 000 à 20 000 dollars. Les volumes sont insensés, l'euphorie totale. Juste avant Noël, après avoir atteint son plus haut historique, le cours connaît une lourde correction qui ne met pas à mal l'enthousiasme du grand public. La courbe rebondit… pour mieux s'écrouler et mettre sur la paille des milliers de petits et moyens porteurs. La chute libre est d'une rare violence. En quelques heures, la valeur est divisée par deux, puis plus aucun palier ne viendra freiner la descente infernale. Le bitcoin, redescendu à 3 500 €, s'enfonce alors dans un long hiver dont il vient tout juste de sortir.
D'innovation technologique à valeur speculative
L'âpreté de cette séquence a laissé des traces. Le bitcoin est toutefois connu pour être une valeur prisée lorsque le système économique mondial donne des signes de surchauffe. La pandémie mondiale réunit tous les ingrédients pour une nouvelle flambée des cours. Le bitcoin a perdu son attrait d'innovation technologique pour ne devenir, au gré de ses éruptions et de ses longs endormissements, qu'une valeur spéculative. Originellement, la monnaie porte tout de même une promesse : se passer des tiers de confiance, comme les organismes bancaires, et s'en remettre à un implacable algorithme pour gérer, certifier et sécuriser toutes les transactions. Cet index, théoriquement inviolable, est la fameuse blockchain, sorte de grand livre dans lequel, pour être certain que chaque page est authentique, l'intégralité des pages précédentes serait répétée dans le numéro de la page en cours. Pour falsifier une seule page, il faudrait réécrire l'intégralité du livre autant de fois que nécessaire. Quand, en plus, d'innombrables versions de ce « livre » sont stockées sur le réseau, on mesure la solidité de l'édifice. Hélas, les scandales successifs, comme celui de MTGox et ses 650 000 bitcoins « évaporés », ont montré qu'aussi solide que soit un algorithme, rien n'est à l'abri de l'ingéniosité humaine attirée par l'appât du gain.
L'attrait de l'incertitude
Ainsi, même s'il est aujourd'hui possible de payer en bitcoin dans des centaines de milliers de commerces, la quasi-totalité des transactions sont d'ordre spéculatif. En cette période troublée, le bitcoin est parvenu à faire oublier ses affres et à retrouver du crédit. Le 16 décembre dernier, trois ans quasiment jour pour jour après avoir atteint les 20 000 €, le cours a une nouvelle fois franchi ce seuil historique. Les projecteurs vont rapidement être de nouveau braqués sur la cryptomonnaie. Les petits investisseurs, qui voudraient miser ce qui reste de leur bas de laine sur le bitcoin, doivent redoubler de prudence. Certes, le risque étant grand, la récompense peut être importante. Le bitcoin, en effet, valait moins de 1 $ début 2011. Sa valeur a ainsi été multipliée par 20 000 en 10 ans : on est loin du rendement du livret A ! Cette nouvelle percée pourrait entraîner un appel d'air vers des valeurs affolantes : les 100 000 € sont souvent évoqués par de nombreux observateurs. Mais il ne faut jamais oublier que le bitcoin est une valeur dangereusement volatile. Tout d'abord, l'écrasante majorité des bitcoins est détenue par un nombre réduit d'acteurs qui ont ainsi la possibilité de peser sur les cours. Ensuite, aucune règle n'encadre ce marché où la loi du plus fort est constitutive. Enfin, certaines plateformes où l'on spécule sur le bitcoin ont des pratiques obscures (leviers délirants, accès aux positions des utilisateurs, etc.). Dans ce Far West de la finance, beaucoup creusent, peu tiennent le pistolet.