Pour tenter de concurrencer les géants de la vidéo à la demande comme Netflix, TF1, France TV et M6 ont conçu ensemble une plateforme de VOD, Salto, lancée le 20 octobre dernier.
Difficile d'enrayer la machine Netflix qui accumule les abonnés. La plateforme américaine a vu son nombre d'abonnés augmenter de manière fulgurante en France, comme dans le monde, atteignant près de 9 millions d'aficionados dans l'Hexagone après une hausse de 30 % pendant le confinement. Pour défier ce mastodonte qui éloigne de plus en plus les téléspectateurs des chaînes historiques, il faut une stratégie bien huilée et un front solide. Les diffuseurs tricolores n'ont eu ni l'un ni l'autre : leur service de vidéo à la demande (SVOD) est un véritable serpent de mer qui aurait dû voir le jour il y a quelques années déjà. Face à l'ampleur de l'hémorragie, une riposte a toutefois été conçue. Salto, la plateforme commune de TF1, France TV et M6 voit enfin le jour.
Les trois frères
Entre ses premières ébauches et le résultat final, Salto a beaucoup évolué. La crise sanitaire a, en outre, compliqué la tâche des équipes en charge du projet. Une phase de bêta test qui devait avoir lieu en juin dernier a été annulée. À l'origine, Salto devait être une plateforme hybride. D'un côté, le téléspectateur aurait pu regarder les chaînes en direct, de l'autre, il lui aurait été possible de bénéficier de replays et de programmes inédits, comme des séries exclusives. Finalement, la diffusion en direct ne sera pas au menu. Salto sera une plateforme classique de SVOD sur laquelle l'abonné pourra trouver des contenus originaux créés par les différents groupes ou retrouver des séries étrangères. Delphine Ernotte, la patronne de France TV, a été très claire lors de la présentation de Salto devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale en janvier dernier : il s'agit « d'une offre d'appoint » qui n'a pas vocation à concurrencer frontalement Netflix. Les autres membres de cette alliance voient la plateforme sous un même œil. Salto est donc une entreprise privée à part entière. Les actionnaires que sont les chaînes à l'origine du projet ont promis d'investir 250 millions d'euros sur 3 ans. C'est une somme importante, surtout en ces temps d'incertitude économique, mais qu'il faut mettre en perspective avec les milliards investis par Netflix, Apple, Amazon ou Disney pour créer leurs propres contenus originaux.
C'est au programme
Sur Salto, l'amateur de séries peut trouver des épisodes en avant-première de ses feuilletons préférés, comme Demain nous appartient, Un si grand soleil, ou encore Plus belle la vie, des créations inédites avant leur diffusion, comme la série Ils étaient dix, qui sera ensuite retransmise sur M6, des programmes français à succès (Un village français, Alex Hugo, etc.), des têtes d'affiche étrangères, comme Downton Abbey, ou des séries inédites sous nos latitudes. Les responsables assurent qu'il y a quelque 10 000 heures de contenus au lancement à la fin du mois et plus de 15 000 heures à la fin du premier trimestre 2021. Salto ne sera pas disponible, dans un premier temps, sur les box internet. Free s'oppose ouvertement à ce projet et les discussions avec Orange, SFR et Bouygues s'éternisent. Il faut donc être doté d'une télévision connectée, d'un boîtier Android ou Apple TV, d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone afin d'installer l'application. L'offre débute à 6,99 euros mensuels pour un écran et culmine à 12,99 euros pour quatre utilisateurs. Il ne reste plus qu'à voir si les téléspectateurs sauteront le pas.
