Elon Musk n'est pas que le fantasque patron de Tesla et de Space X. L'insaisissable visionnaire s'est aussi donné comme objectif de s'immiscer dans les cerveaux afin de créer une interface entre l'homme et la machine, capable de redonner, dans un premier temps, parole et mobilité aux personnes ayant subi un traumatisme grave. Son implant cérébral a fait d'importants progrès, comme Elon Musk vient de le montrer en direct.
Elon Musk est sur tous les fronts. L'entrepreneur visionnaire veut tout à la fois être le Henry Ford du XXIe siècle, avec ses Tesla électriques, et coloniser Mars avec ses fusées Space X. Pour le moment, le golden boy transforme tout ce qu'il touche en éclatante réussite. Musk est passé, en un an, de la 39e à la 3e place au classement des hommes les plus riches de la planète, dépassant Mark Zuckerberg. Depuis 2017, le lancement de la start-up Neuralink répond à une autre de ses aspirations. L'homme d'affaires sud-africain, qui a investi 100 millions de ses propres deniers dans le projet, fait partie de ceux qui croient que l'intelligence artificielle est un véritable danger pour l'humanité. L'objectif de Neuralink est de créer des outils permettant à l'homme de rivaliser. La première création est un implant cérébral capable de rendre mobilité et parole aux personnes handicapées suite à un accident.
Une version améliorée
La mission paraît directement sortie d'un film de science-fiction. Créer une interface entre le cerveau humain et la machine obsède depuis des années aussi bien les chercheurs que les auteurs de SF. En 2006, un cobaye, Matthew Nagle, parvint à jouer à Pong par la simple force de son esprit. En 2018, deux ingénieurs japonais dévoilaient un bras robotique contrôlable par la pensée. Neuralink va plus loin. La première puce implantée chez des rats utilisait déjà des fils en polymère très souples capables de s'adapter en permanence aux mouvements naturels du cerveau. Chaque fil intégrait 32 électrodes, pour un total de 3 072 électrodes – deux fois plus que les meilleures tentatives d'alors. La nouvelle version présentée fin août est encore plus compacte (23 mm), se passe de l'USB-C pour dialoguer en Bluetooth avec l'ordinateur et se recharge par induction. L'exploit ne s'arrête pas là. La start-up a été capable de concevoir un robot chirurgien à même d'implanter le dispositif en moins de vingt minutes.
Black Mirror
Dans la nuit de 29 août dernier, Elon Musk est venu parler, en direct sur les réseaux sociaux, des avancées du projet. L'implant Neuralink a été implanté avec succès dans la tête d'une truie, baptisée Gertrude. Pour le moment, le dispositif permet à l'ordinateur de savoir à tout moment où se trouvent les membres de l'animal quand celui-ci se déplace. En cas de lésion de la moelle épinière ou cérébrale, Elon Musk prédit que la puce Neuralink pourra shunter la blessure pour rendre de nouveau possible le mouvement. « Si vous pouvez sentir ce que les gens veulent faire avec leurs membres, vous pouvez faire un deuxième implant là où la lésion vertébrale s'est produite et créer un shunt neuronal […] Je suis convaincu qu'à long terme, il sera possible de restaurer le mouvement de tout le corps de quelqu'un », a-t-il expliqué lors du direct. La puce peut également mesurer la pression et la température pour anticiper une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Ces applications médicales semblent réalistes, mais le patron de Tesla ne s'arrête pas là. « À l'avenir, vous pourrez sauvegarder et rejouer des souvenirs […], vous pourrez potentiellement les télécharger dans un nouveau corps ou dans un corps de robot. » Cet objectif soulève de nombreuses controverses au sein de la communauté scientifique. De nombreuses difficultés, comme le fait que la « carte » du cerveau est encore en très grande partie inconnue, se dressent sur le chemin de Neuralink. Mais avec Elon Musk, l'impossible n'est jamais sûr.