Dans la course aux livraisons par drone, La Poste fait mieux qu'Amazon. L'entreprise publique avait été plus rapide que le géant de la distribution en ouvrant, dès fin 2016, une ligne automatisée de dépôt de colis par les airs. Une nouvelle étape vient d'être franchie avec le lancement d'un second trajet dans l'Isère.
Depuis 2013, Amazon multiplie les annonces plus fracassantes les unes que les autres, concernant le déploiement très prochain de la livraison par drone. Depuis près de sept ans, le géant de la distribution s'est contenté de quelques tests réussis en Grande-Bretagne et aux États-Unis. D'autres grands noms de la Silicon Valley (Google) sont également sur le coup – des transporteurs importants (DHL, UPS, Wings etc.) aussi. Ce sont cependant les postes nationales qui semblent avoir le mieux décollé dans le domaine. En avril 2016, l'Australia Post ouvrait des lignes de drones desservant des villages aux alentours de Melbourne. Parmi les pionniers, on retrouve également notre chère Poste, pourtant souvent accusée de ne pas être capable de prendre le virage de la modernité.
Technologie de pointe
En décembre 2016, sa filiale DPDgroup a ouvert la première ligne commerciale dans le Var. Pour parvenir à cet exploit, l'entreprise tricolore a fait appel à une start-up, fleuron de la French Tech spécialisée dans le drone, Atechsys. « Nous avons créé un modèle spécialement pour La Poste », expliquait alors Moustafa Kasbari, le patron de cette jeune société. Depuis, leur solution ne cesse de s'améliorer : autonomie en hausse, remplacement de l'aluminium par le carbone, capacité de charge étendue, fiabilité améliorée… le livreur nouvelle génération est un bijou de technologie. « Dans ce secteur, il y a une course à la technologie. Nous pourrions déjà vendre certaines de nos techniques, mais nous préférons les garder, afin d'avoir un coup d'avance », confirme le fondateur d'Atechsys. Le modèle destiné à la poste est garanti pour accuser au maximum une panne chaque million d'heures de vol. C'est une fois toutes les dix mille heures pour un drone grand public. Le secret de cette fiabilité réside dans la solidité du couple que forment l'aéronef et le dépôt chargé de récupérer le colis, lui aussi bardé de capteurs. Ce n'est en effet pas demain que vous verrez un drone déposer un objet sur votre pelouse.
Rapprocher les zones difficiles d'accès
Le 8 novembre dernier, La Poste inaugurait une seconde ligne desservant Fontanil-Cornillon et Mont-Saint-Martin, en périphérie de Grenoble. Ces deux villages ne sont distants, à vol d'oiseau, que de 3 km, mais reliés uniquement par une route sinueuse de 20 km. Le drone fait la livraison en 8 minutes aller-retour, quand un camion mettrait plus de 30 minutes. À certaines périodes de l'année, la route est de plus impraticable et dangereuse. En outre, ce n'est pas uniquement l'efficacité économique que vise La Poste : l'appareil se recharge grâce à un système de panneaux solaires, là où un camion émet des gaz polluants. Cette génération est ainsi capable de voler sur 15 km à une vitesse de 30 km/h en une seule charge. Les paquets transportés pèsent au maximum 2 kg. L'objectif de La Poste est clair : « nous n'avons pas vocation à distribuer de colis par drone en zones urbaines. Nous considérons que le drone est utile pour livrer des zones difficiles d'accès, en montagne ou en zones rurales où le trajet en voiture est long. Pour le livreur, en plus du gain de temps généré, c'est une réduction du risque routier sur des routes dangereuses et parfois peu praticables en montagne, en particulier l'hiver », a expliqué l'entreprise au moment de l'ouverture de cette seconde ligne. Depuis décembre 2016, La Poste (DPD) a réalisé 190 livraisons via sa ligne varoise. Le taux de réussite est de 95 %, les 5 % d'échecs étant imputables aux mauvaises conditions climatiques. Dans tous les cas, le colis est protégé. Le dispositif embarque un système de parachute qui se déclenche automatiquement.