Le grand mouvement de dématérialisation administratif se poursuit. C'est au tour de l'éternelle carte Vitale de céder aux sirènes de la numérisation. À partir de cet été, une vaste expérimentation aura lieu, avant la mise à disposition d'une application appelée à remplacer le sésame vert à moyen terme.
Rien ne semble pouvoir s'opposer à la dématérialisation des documents administratifs. Le gouvernement souhaite, dans les prochaines années, que la majorité des démarches puissent se faire en ligne ou via une application dédiée. La carte Vitale n'échappera pas à cette tendance qui permet tout de même de gagner un temps certain et de faire d'importantes économies d'échelle. Lors de la présentation de sa feuille de route pour les années à venir, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzin, a en effet présenté son projet de création d'une « application carte Vitale », baptisée apCV.
« La demande des patients d'accéder à des droits en toutes circonstances et de bénéficier de démarches en ligne (comme, par exemple, la déclaration de médecin traitant) a amené les pouvoirs publics à imaginer et concevoir une version dématérialisée de la carte Vitale. La population étant largement équipée en smartphones en France, il a été́ décidé de lancer le développement d'une "appli carte Vitale" (dite "apCV"). Cette "appli carte Vitale" est destinée à devenir l'outil d'identification et d'authentification des patients dans le système de santé », a expliqué la ministre.
Faciliter les démarches de santé
Ce projet d'application santé s'inscrit dans un plan plus vaste de digitalisation de la sphère médicale française. Agnès Buzin a insisté, entre autres, sur la nécessité de généraliser le dossier médical personnalisé et de le rendre plus facilement accessible, notamment en ligne.
Reste tout de même deux écueils de taille que le développement de cet apCV ne semble pas pour le moment considérer à leur juste mesure. Le premier tient dans le fait qu'en devenant une application disponible sur les stores de Google (PlayStore d'Android) et d'Apple (appStore d'iOS), l'apCV sera soumise aux conditions générales d'utilisation de ces deux géants qui auront potentiellement accès à des données hautement personnelles et sensibles. On connaît aujourd'hui l'appétence des Gafam pour ces informations privées, qu'elles utilisent pour nourrir leurs algorithmes et qu'elles revendent à prix d'or à des sociétés tierces. La boîte de pandore qui verrait, par exemple, des sociétés d'assurances avoir accès aux dossiers médicaux des patients, risque d'être ouverte.
Dans le même ordre d'idée, un important travail de sécurisation devra être fait pour éviter tout piratage de l'application. Celle-ci se trouvant sur un smartphone, la sécurité du système dépendra grandement des efforts consentis par les constructeurs pour protéger leurs terminaux. En centralisant sur nos téléphones de plus en plus de données cruciales (carte de paiement, clé de voiture et maintenant données de santé), nous les rendons de plus en plus attrayants pour les pirates. Et ceux-ci ont toujours un coup d'avance.