L'Organisation mondiale de la santé a élevé l'addiction aux jeux vidéo au rang de pathologie à suivre. Malheureusement, l'approche médicale et paramédicale de ce loisir de plus en plus prégnant se limite le plus souvent à ce simple constat. Or, la pratique intensive du jeu vidéo, notamment à travers l'e-sport, peut être à l'origine de maux et blessures, au même titre qu'un sport traditionnel. Certains acteurs commencent à en avoir conscience.
L'e-sport, le jeu vidéo pratiqué de manière compétitive, est entré dans une nouvelle ère. En quelques années, il est en effet devenu à la fois un incontestable loisir, mais aussi un sport de haut niveau… à l'image de n'importe quelle discipline plus établie. Comme toute pratique parfois intensive, cela peut s'accompagner de conséquences sur la santé. Malheureusement, c'est bien trop souvent sous les angles de l'addiction, de la déscolarisation ou de la rupture des liens sociaux et familiaux que sont abordées les problématiques soulevées par la pratique du jeu vidéo. Même si ces dérives sont indéniables, elles occultent trop souvent d'autres pathologies.
Jeu de maux
Il convient de rappeler, avant tout, qu'une pratique raisonnée des jeux vidéo stimule et enrichit certaines compétences cognitives, comme la spatialisation en 3D, l'intelligence déductive et la capacité à effectuer plusieurs tâches en parallèle. Mais quand la pratique devient intensive, elle soumet l'organisme à des tensions tant psychiques que physiques. L'hygiène de vie, l'alimentation, la chronobiologie du quotidien (manque de sommeil) sont souvent des facteurs aggravants. D'un point de vue physique, les gamers, à cause des mouvements répétés et des positions contraintes, peuvent souffrir de nombreuses pathologies comme le syndrome du canal carpien, la tendinite du coude, des cervicalgies ou encore des céphalées. Les conséquences psychiques sont plus difficiles à cerner. Pour le sportif assidu, voire professionnel, elles peuvent altérer des facultés essentielles à la pratique de leur discipline comme une diminution de la capacité de concentration, une mauvaise gestion de l'immédiat ou bien encore l'absence de créativité. Le 10 novembre dernier, à Paris, la finale des Worlds League of Legends – le jeu compétitif phare du moment – a montré non seulement à quel point le jeu vidéo en mode compétition était suivi dans le monde entier par la jeune génération, mais aussi l'exigence requise pour devenir un athlète numérique du niveau des joueurs présents à l'AccorHotels Arena. Le constat est simple : on imagine mal un club comme le PSG sans kiné, sans préparateurs mentaux ou sans médecins. L'e-sport se rapprochant de plus en plus des sports traditionnels, aussi bien en termes d'audience que de niveau d'entraînement requis, les athlètes numériques doivent être considérés, d'un point de vue médical, comme des sportifs comme les autres, soumis au stress et aux blessures. De grandes équipes d'e-sport, comme OG ou Astralis, ont intégré depuis longtemps ces besoins médicaux, psychologiques et paramédicaux.
Prise de conscience
Sensibilisées par ces questions de santé trop souvent mises de côté dans les débats sur l'e-sport et du jeu vidéo, des voix commencent à émerger pour prendre ces problèmes à bras-le-corps. Cette approche saine devra nécessairement se généraliser aux joueurs occasionnels, afin que la discipline sorte de son carcan. En France, Blackmice, créé par d'anciens gamers professionnels, s'attache à proposer des approches naturelles et préventives tout en sensibilisant les différents acteurs. La jeune start-up, qui a pour but d'offrir un encadrement unique aux joueurs de tout niveau, a tissé des liens forts avec des laboratoires, des médecins, des kinés, des experts certifiés ou encore des préparateurs mentaux. Un système inédit de téléconsultation est en préparation et sera opérationnel dans le courant du premier trimestre 2020. Blackmice souhaite faire du « e-sportif » de demain un athlète qui pourra, s'il en ressent le besoin, s'entourer d'un cadre de qualité, l'aidant dans la recherche de ses objectifs, afin de lui faire atteindre sa performance optimale, tout en ayant un environnement sain et bienveillant. Et comme un tel objectif ne peut être atteint sans un cadre familial apaisé, Blackmice intervient aussi auprès des familles. L'ensemble des problématiques auxquelles sont confrontés les joueurs sont enfin prises en compte.