Le confinement de la population mondiale a entraîné des changements brutaux dans l'utilisation d'internet et des réseaux mobiles. De nombreux acteurs ont déjà pris des mesures pour réduire leur trafic, mais cela sera-t-il suffisant pour que l'architecture résiste à l'afflux d'utilisateurs ?
Le confinement bouleverse le quotidien de chacun, modifiant les habitudes, laissant là du temps libre à combler, ici une organisation à trouver pour travailler, quand on le peut encore, occuper les enfants ou vaincre la sensation d'isolement. Internet est, dans bien des cas, le dernier lien qui rattache à la vie d'avant le confinement. Les enseignants peuvent faire cours à distance, les employés ont la possibilité, selon leur activité, de télétravailler, les familles restent en contact via Facebook ou WhatsApp. Les plateformes de VOD, comme Netflix, augmentent sensiblement leur nombre de spectateurs, les serveurs de jeux vidéo, comme ceux de Fortnite, ouvrent leurs portes à de plus en plus de joueurs. Téléconférence, appels vidéo, téléchargement, jeux, visionnage, etc., ces activités pèsent sur les réseaux qui trouvent dans la crise du coronavirus un stress test à grande échelle. Stéphane Richard, le PDG d'Orange, expliquait sur RTL le 20 mars dernier que le télétravail « avait été multiplié par 7, les visioconférences par 2 et les conversations WhatsApp par 5 », avant d'affirmer que les réseaux « peuvent tenir ».
Certains acteurs prennent des mesures
Les autorités ont renforcé l'inquiétude pesant sur la solidité des infrastructures en demandant à Disney de repousser la date de lancement en France de sa plateforme de VOD, Disney+. Le géant du divertissement, qui devait inaugurer le service le 24 mars, a répondu positivement à cette requête. Entre-temps, Netflix, qui phagocytait, avant le confinement, 20 % du débit total en France, a décidé de réduire la qualité de ses diffusions. Cette baisse de la résolution ne sera pas perceptible par le spectateur puisque la plateforme se cale désormais sur les définitions les plus basses acceptables par norme. En d'autres termes, une diffusion 4K sera toujours 4K, mais à un niveau de détail minimal pour être labélisée ainsi. YouTube a également pris la même décision. Thierry Breton, le commissaire européen pour le marché intérieur, a enjoint tous les acteurs, comme les utilisateurs, d'adopter les bonnes mesures : « en période de confinement face au Covid-19, le télétravail et le streaming télévision sont très utiles, mais les infrastructures peuvent être mises à rude épreuve », a-t-il écrit sur Twitter.
Confiance et prudence
Pour le moment, aucun signe de faiblesse ne laisse transparaître l'éventualité d'une crise. Plus de 150 000 techniciens et ingénieurs ont été déployés en France, malgré le confinement, pour surveiller le réseau. Le secrétaire d'État chargé du numérique, Cédric O, s'est voulu rassurant : « Nous ne constatons pas de surcharge des réseaux liée à l'augmentation du télétravail et des usages. Ils sont, à ce stade, correctement dimensionnés », constate-t-il. La situation demeure cependant inédite et devrait s'inscrire dans la durée. La Fédération française des télécoms (FFT) a ainsi appelé à la « responsabilité numérique ». L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) a, dans la foulée, publié un guide du bon usage d'internet durant cette période délicate. À chaque fois que cela est possible, il convient de préférer le Wifi à la 4G si vous êtes branché sur des réseaux fixes, plus solides que les réseaux mobiles. Vous pouvez ressortir votre vieux câble Ethernet. Pour les mêmes raisons, il convient de limiter l'usage des smartphones comme point d'accès mobile. Il faut également décaler ses téléchargements en soirée ou la nuit afin de laisser le débit à ceux qui en ont besoin en journée (télétravail, cours, urgences, etc.). De nombreuses plateformes, dont Netflix, proposent de pré-charger ses contenus durant la nuit. Là aussi, un comportement responsable est nécessaire.