Depuis le 4 janvier, les appareils électroniques s'affichent dans les magasins avec une nouvelle étiquette : celle de l'indice de réparabilité. Sorti alors que tous les regards sont portés du côté de la crise sanitaire, cet indicateur fait ses preuves et se montre beaucoup plus utile qu'attendu.
Dans une période où les raisons de se réjouir sont peu nombreuses, le Président de la République Emmanuel Macron s'est félicité, le 2 janvier sur Twitter, que sept bonnes nouvelles allaient égayer un peu ce début d'année sinistre. L'entrée en vigueur de l'indice de réparabilité est du lot en donnant une note de 0 à 10 à « certains produits électroniques comme les smartphones ou les télévisions ». L'objectif affiché est de mettre en valeur les appareils dont la réparation où le remplacement de certaines pièces est facile, tout en pointant comme mauvais élèves ceux qui rendent cette tâche infernale. Cette initiative française espère d'ailleurs faire des émules en Europe.
Une note plus stricte qu'il n'y paraît
Après des débuts un peu laborieux, cette étiquette, qui n'est pas sans rappeler le « Nutri-Score » des produits alimentaires ou l'indice énergétique des produits électroménager, se démocratise déjà dans les grandes enseignes et fournit une information précieuse au consommateur au moment de faire son choix.
Pour obtenir une bonne note, il faut en effet que les fabricants fournissent un dossier complet incluant un schéma de démontage et une vue éclatée des câbles et de l'assemblage des pièces. Et si certains composants sont inamovibles, comme la mémoire vive et le stockage qui sont souvent désormais soudés dans les ordinateurs et smartphones actuels, il faut aussi le préciser. La facilité avec laquelle il est possible de se fournir en pièces détachées, à prix raisonnable, entre aussi en compte. À l'arrivée, c'est une notation très stricte qui se cache derrière le pictogramme simpliste et l'échelle de 0 à 10. Pas étonnant que la version finale du dispositif ait demandé deux années de négociation avec les représentants des fabricants !
Certes, ce sont les constructeurs qui doivent s'auto-évaluer, mais les fausses déclarations seront facilement identifiées par les associations de consommateurs ou des experts en réparation comme iFixit ou SOSav qui pourront alors se tourner vers l'Agence de la transition écologique (Ademe) ou les services de la Répression des fraudes. Le dispositif aurait été trop lourd à gérer si un organisme indépendant avait été chargé de tester l'ensemble des produits mis sur le marché.
Une obligation dès 2022
Pour le moment, cet indice est facultatif – il ne deviendra obligatoire que le 1er janvier 2022 –, mais les deux tiers des marques jouent déjà le jeu, à l'image de Samsung ou de Xiaomi. Apple traîne la patte mais devrait faire le nécessaire dans les semaines à venir. De fait, le déploiement de l'indice de réparabilité est plus rapide qu'attendu. Mieux, les retours des fabricants semblent montrer une prise de position qui tend à se généraliser. Certains grands noms, conscients que cet indice peut influencer un acte d'achat ou de rejet, ont en effet annoncé qu'ils allaient améliorer leurs pratiques.
Samsung, par exemple, a fait grimper la note de son modèle haut de gamme le Galaxy S de 5,7/10 à 8,2/10, en mettant à disposition un mode d'emploi de quarante pages richement illustré d'un guide pour remplacer les principales pièces de son smartphone phare. Oppo et Asus annoncent avoir des documents identiques en préparation. « Courant février, nous allons mettre en ligne une boutique de pièces accessible aux particuliers », explique même Samsung dans un communiqué.
Ainsi, malgré des défauts de jeunesse indéniables, l'indice de réparabilité est pris très au sérieux par les grands noms de l'électronique qui anticipent certainement une adoption au niveau continental.