Après un net passage à vide, Netflix, mis à mal par la concurrence d'Amazon Prime et de Disney+, retrouve le sourire et compte désormais 223 millions de comptes actifs à travers le monde. Le géant du streaming entend bien profiter de sa nouvelle jeunesse pour s'attaquer au marché du jeu vidéo.
Netflix se souviendra longtemps de son premier semestre 2022. La plateforme de streaming avait la gueule de bois, se réveillant avec des chiffres d'abonnement en berne. Incapable alors d'atteindre son objectif de 8,5 millions d'abonnés supplémentaires, le service a vu son action dévisser en bourse de près de 20 %. Les investisseurs ont pris conscience de la fragilité d'un géant à la croissance sans doute un peu trop fulgurante. La prise de position sur le marché de très grands acteurs comme Amazon Prime ou Disney+ a mis à mal la suprématie insolente du diffuseur californien. Mais la situation n'était pas si catastrophique que cela. Netflix pouvait en effet compter sur un trésor de guerre faramineux. « Le chiffre d'affaires de 30 milliards de dollars pour l'année complète a augmenté de 19 % par rapport à l'année précédente, tandis que le bénéfice d'exploitation de 6,2 milliards de dollars a augmenté de 35 %. Globalement, en 2021, les séries Netflix ont représenté six des dix émissions les plus recherchées dans le monde » contrebalançaient, alors les responsables de la plateforme, préoccupés, mais sûrs de leur capacité à rebondir. Et le rebond ne s'est pas fait attendre.
Vent dans le dos
Le 18 octobre dernier, Netflix publiait ses résultats pour le troisième trimestre 2022. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont largement dépassé les attentes du service de SVOD. Tablant dans un premier temps sur l'arrivée d'un million d'utilisateurs supplémentaires durant ce trimestre, Netflix a annoncé avoir finalement conquis 2,4 millions d'abonnés en plus. La plateforme compte désormais 233 millions de comptes, pulvérisant son précédant record de 2021 qui s'élevait déjà à 221,8 millions. Le contraste avec la baisse de 1,2 million d'aficionados enregistrée au premier semestre est saisissant. Le retour de certaines séries plébiscitées comme Emily in Paris ou The Crown a joué un rôle central. La mise en place dans onze pays d'un abonnement moins cher (5,99 euros par mois), mais avec des pages de publicité de 20 à 30 secondes diffusées en début et en milieu de programme, explique aussi ce renouveau. Les annonceurs sont au rendez-vous : « nous avons quasiment tout notre inventaire pour le lancement. Nous sommes obligés de refuser du monde en ce moment », se réjouit la plateforme. Autre motif de satisfaction, le service parvient à nettement mieux capter son public que ses concurrents. Aux États-Unis, 7,6 % du temps passé devant la télévision l'est devant un programme Netflix. C'est autant que Youtube et bien mieux qu'Amazon Prime (2,9 %) et Disney+ (1,9 %). Pas étonnant, alors, de voir le bénéfice net dépasser largement les 966 millions de dollars attendus au troisième trimestre pour atteindre 1,4 milliard de dollars.
Et maintenant, le jeu vidéo
La prochaine étape ? Accélérer l'arrivée de l'entreprise sur le marché des jeux vidéo. Pour le moment, même si peu d'abonnés en profitent, il est possible de jouer à plusieurs titres mobiles directement sur la plateforme. Une cinquantaine de jeux supplémentaires, qui s'ajouteront aux 35 titres déjà présents, vont enrichir le catalogue dans les semaines à venir, mais l'ambition du géant américain dans le domaine semble avoir été décuplée par les bons résultats. Ainsi, Netflix a annoncé dans la foulée ouvrir un nouveau studio de développement de jeu autour d'une grande figure du secteur. « Nous lançons un autre nouveau studio en Californie du Sud, cette fois autour de Chacko Sonny, qui a supervisé la production de God of War Ascension pour Santa Monica et supervisé un portfolio de leurs jeux, puis a été producteur exécutif d'une petite franchise de jeux appelée Overwatch. Nous construisons une équipe autour de lui et nous comptons sur lui pour réinventer ce que les jeux peuvent être. » Netflix est de retour.
