Inspiré d'une technique japonaise traditionnelle, le bois brûlé s'invite dans nos maisons pour un subtil jeu de teintes et de matières. Zoom sur un matériau atypique et décalé.
Il existe une multitude de variétés de sol en bois. Mais connaissez-vous les planches de bois brûlé ? Utilisées à l'origine pour réaliser des bardages ou du lambris, elles s'invitent aussi sur nos sols pour un effet des plus surprenants. Apportant du cachet à une pièce et délimitant les espaces, le bois brûlé peut s'installer partout : à l'intérieur dans un salon, à l'extérieur pour une terrasse design, à la verticale pour habiller un mur ou encore sur nos mobiliers et nos éléments déco. On vous dit tout sur cette tendance originale qui a su traverser les siècles.
Se réapproprier une technique ancienne
La technique du bois brûlé nous vient tout droit d'un procédé ancestral japonais appelé le shou-sugi-ban. Le principe est de provoquer une combustion sur une seule face de planche de bois massif. Recouvert d'une couche de carbone, ce dernier se pare alors d'une couleur noire profonde et bleutée et adopte une texture particulière faisant penser à la peau de crocodile. Le matériau ainsi obtenu porte le nom de yakisugi.
Une protection naturelle et superbe
Apparue au Japon il y a des siècles, cette technique naturelle a le double avantage de protéger le bois et de créer un rendu superbe. En effet, le bois brûlé possède des propriétés intéressantes que n'a pas sa version naturelle. La pellicule créée par la carbonisation permet ainsi d'obtenir des reflets changeants selon le temps (pluie, soleil), tout en protégeant le bois contre les champignons, les parasites et les moisissures. Il est donc beaucoup plus durable.
D'un point de vue esthétique, ce revêtement de bois particulier sublime votre intérieur ou votre extérieur en apportant un aspect élégant, rustique et en même temps très original. S'intégrant parfaitement à une décoration luxueuse, de type industriel ou encore folk, il peut être combiné à un parquet clair. Le contraste ainsi obtenu apportera beaucoup de cachet à la pièce. D'autant plus qu'avec les techniques modernes, il arrive que le bois ne soit pas brûlé en profondeur, comme dans la méthode japonaise, mais seulement flambé en surface. Son veinage apparaît alors encore plus, donnant des contrastes et des jeux de couleurs incroyables.
Brûler son bois soi-même
Même si ce procédé n'est pas encore très répandu, certaines entreprises artisanales se sont spécialisées dans le brûlage du bois. Mais on peut aussi le faire soi-même, en respectant quelques précautions bien sûr. Pour que sa croûte soit suffisamment résistante, le bois doit être brûlé sur trois à cinq millimètres d'épaisseur.
Selon la méthode traditionnelle, on construit une cheminée de forme triangulaire à l'aide de trois planches reliées entre elles par une corde ou un fil de fer, avant de la poser sur un foyer. Le feu ainsi contenu flambe alors doucement les planches qu'il faut écarter régulièrement pour créer un appel d'air, et retourner pour que les flammes lèchent uniformément le bois. La combustion d'une cheminée entière dure environ quatre minutes. Lorsque le temps est écoulé, on fait tomber les planches encore en feu et on les asperge d'eau afin de stopper la combustion. Elles n'auront plus qu'à sécher avant d'être utilisées.
Une autre technique consiste à créer au sol un lit de braises, sur lequel on étale les planches deux par deux. L'avantage : on peut contrôler facilement le degré de brûlage du bois. Autre option : le chalumeau, qui nécessite en revanche un temps de combustion plus long, entre dix et vingt minutes par planche en fonction de l'effet de brûlage souhaité.
Avec quel bois ?
Traditionnellement, les Nippons utilisaient ce qu'on nomme communément le cèdre du Japon (sugi en japonais), qui est en fait un cyprès. Aujourd'hui, on peut également choisir des essences comme le pin Douglas, à l'aspect très similaire, le mélèze, le frêne ou encore le chêne qui offrent tous une texture intéressante à travailler. Selon le type de bois, la couche de carbone sera plus ou moins résistante et le rendu un peu différent.
Après la carbonisation, plusieurs choix sont possibles. On peut laisser la planche brute, ce qui ne nécessitera aucun entretien, la brosser (enlever doucement une partie de la couche carbonisée pour faire ressortir la fibre de bois) ou appliquer en finition de l'huile de lin, de la térébenthine, une résine ou encore du vernis. Dans ce dernier cas, il faudra rincer le bois à l'eau claire et renouveler l'opération tous les cinq à dix ans.