Lauréat du prix Pritzker d'architecture 2022, Francis Kéré met en avant dans ses réalisations des solutions intelligentes pour favoriser le mieux vivre tout en préservant les ressources. Une démarche résolument durable dont on peut aisément s'inspirer.
Des écoles aux salles de classe naturellement tempérées et ventilées, des infrastructures de santé favorisant le bien-être et des espaces communautaires inspirés de la nature… grâce à ses créations fondamentalement ancrées localement et durables, que l'on peut admirer aussi bien en Afrique qu'aux États-Unis et en Europe, l'architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré a remporté le prix le plus prestigieux dans son domaine de prédilection cette année.
Voici les grands principes de son œuvre et comment les adopter.
Privilégier les matériaux locaux
Dans un souci de durabilité, de réduction de la pollution liée aux transports, mais aussi d'économie des coûts, on essaie autant que possible d'utiliser des matières premières locales, qui auront également l'avantage de s'intégrer parfaitement dans le paysage et le bâti existant. Pour une école primaire construite à Gando, son village natal, Francis Kéré avait ainsi opté pour des murs en argile rouge extraite directement sur le lieu de l'établissement puis pressée en briques. Pour appliquer ce précepte, on pourra par exemple jeter son dévolu sur de la pierre brute provenant de carrières françaises (granit, grès, ardoise, marbre) et du bois issu de forêts locales gérées de manière écoresponsable (noyer, chêne, hêtre) afin de privilégier les circuits courts ou, pourquoi pas, récupérer de vieux matériaux (tomettes, tuiles, pièces de charpente, briques, etc.) sur d'anciennes demeures ou usines laissées à l'abandon.
Économiser les ressources naturelles
Alors que la transition écologique est devenue l'enjeu majeur de ce siècle, construire des bâtiments passifs, voire à énergie positive, s'impose comme une nécessité. Avec des tours à vent qui évacuent l'air chaud, des briques en argile ou en latérite qui aident à conserver la fraîcheur intérieure, une ventilation transversale qui procure une aération naturelle et des chambres d'ombrage au lieu des fenêtres, les structures conçues par Francis Kéré offrent une véritable alternative à la climatisation mécanique, pour un confort optimal sans gaspillage d'énergie. Des interstices au niveau de la toiture laissent également filtrer la lumière afin d'éclairer au maximum grâce au soleil, tandis que les systèmes de récupération des eaux de pluie servent à irriguer les plantations de manguiers. Dans cet esprit, on mise sur des matériaux de constructions isolants pour limiter les déperditions thermiques, on favorise la luminosité naturelle via des baies vitrées et une orientation bien pensée, et on récupère autant que possible les précipitations pour arroser son jardin et son potager.
Un éloge à la beauté de la nature
Avec des constructions dont les formes s'inspirent d'arbres africains (baobab, arbre à palabres) et des panneaux colorés qui évoquent les teintes des levers et couchers de soleil, l'architecture de Francis Kéré rend aussi hommage à la splendeur de l'environnement. Afin de recréer le lien perdu avec nos racines, on mise sur le design organique, caractérisé par des courbes douces, des formes arrondies, des teintes végétales et des matériaux bruts, qui font la part belle aux éléments biomorphiques comme le bois, l'osier et le lin.
Le vivre-ensemble au centre des préoccupations
Si les bâtiments publics conçus par Francis Kéré mettent l'accent sur l'aspect communautaire afin de favoriser les moments d'échange, notamment entre étudiants, on peut également adapter cette philosophie dans les logements particuliers. On veillera ainsi à renforcer l'aspect convivial des pièces à vivre, comme le salon et la cuisine, mais aussi les espaces extérieurs où l'on passe une majeure partie de la belle saison. Pour cela, on désencombre nos intérieurs du superflu, on dispose des assises confortables qui invitent au partage, et on crée un environnement agréable (cheminée pour se réchauffer en hiver, terrasse ombragée pour l'été) où il fait bon se poser.