Puisque le planning du jardinier a tendance à se charger à mesure que le printemps arrive, mieux vaut mettre en terre dès que cela est possible tous les légumes qui peuvent être plantés avant. Le crosne du Japon, un légume ancien dont on consomme les délicieux petits tubercules renflés, figure en bonne place sur cette liste.
Crosne du Japon: tout dans ce nom vernaculaire est une affaire de géographie plus ou moins bien inspirée. En effet, si la plante est bien arrivée en France depuis le Japon, il est en réalité originaire de Chine. Quant à son petit nom, il est directement hérité de la ville de Crosne, en Essonne, où il a été acclimaté pour la première fois en France en 1882 par le grand botaniste Désiré Bois.
Un mini-topinambour
On appelle "crosne" le tubercule comestible émit par le Stachys affinis, une vivace herbacée de la famille des lamiacées, comme la menthe et l'ortie. Son cycle végétatif est proche de celui du topinambour, puisqu'on le récolte au fur et à mesure des besoins, à partir de l'automne, en retournant le sol une fois que les tiges ont fané. Ses dimensions sont toutefois plus réduites, ses tiges quadrangulaires velues ne dépassant pas les soixante centimètres de hauteur. Sous nos climats, il fleurit rarement et ne monte jamais en graine. On le reproduit donc à partir des quelques tubercules qu'on laisse en terre entre deux saisons.
Une plantation précoce avantageuse
On voit rarement le crosne sur les étals car il se conserve mal et perd ses qualités gustatives en quelques jours. En revanche, on le trouve facilement sous la forme de tubercules prêts à planter, dans les jardineries ou sur Internet. Le crosne n'étant pas sensible au froid, on peut le mettre en terre très tôt dans la saison, ce qui permet de se libérer du temps pour les nombreuses cultures à prévoir par la suite. On peut néanmoins le planter jusqu'au mois d'avril.
Drôle de tête mais bon goût
Les petits tubercules blanchâtres, de la taille d'une cosse de cacahuète, sont crénelés de renflements typiques qui les font ressembler à des larves. Dit comme cela, c'est peu ragoûtant, mais le crosne, dont le goût exhale de délicats parfums de noisette et d'artichaut, est d'une grande finesse gustative. On le consomme cuit, blanchi puis rissolé, mais il peut se décliner sous de nombreuses préparations culinaires. Il faut toutefois le déguster avec parcimonie si l'on ne veut pas être sujet à des flatulences dues à la présence d'un polymère glucidique peu digeste.
Une culture simple
On plante les crosnes en poquets de trois tubercules, dans des petits trous remplis de terreaux espacés de trente centimètres en tous sens. La culture est facile car le crosne est peu exigeant. Il apprécie quand même quelques arrosages généreux après la plantation et durant les étés secs. La première année, son implantation est relativement lente, et mieux vaut avoir la récolte légère afin de laisser dans le sol suffisamment de tubercules pour assurer une bonne multiplication. En revanche, une fois bien installé, il peut s'avérer envahissant. Il est donc plus sage de le cultiver en dehors du potager, dans un emplacement où il pourra prendre ses aises sans gêner le voisinage.