Puisqu'il arbore à la fois des jeunes feuilles d'un rouge étincelant, des jolies fleurs blanches en ombelles mellifères au printemps, et des petits fruits noirs décoratifs et attractifs pour les oiseaux granivores en fin d'été, il est difficile de choisir le bon moment pour la taille du photinia. Car l'un va souvent sans l'autre…
En moins de temps qu'il n'en faut pour passer d'un siècle à l'autre, le photinia, en son principal représentant variétal, le Photinia x fraseri « Red Robin », est devenu l'un des arbustes de haie les plus plantés dans les jardins. Au point que, comme parfois pour le mal, on le voit partout. Mais il est vrai que ce frugal et pourtant vigoureux arbuste à feuillage persistant a, outre des qualités esthétiques, d'autres atouts dans sa manche, notamment une bonne résistance à la sécheresse, aux maladies et aux ravageurs. Toutefois, la vigueur de cette star des haies impose une ou plusieurs tailles annuelles qui ne sont pas sans conséquences sur son aspect.
Une taille nécessaire
C'est un fait, le photinia requiert peu de soins. Mais peu de soins ne veulent pas dire peu d'entretien, car eu égard à sa croissance énergique, le photinia nécessite des tailles régulières afin de l'empêcher d'atteindre des sommets. En parallèle, ces tailles permettent de le contenir en largeur et maintenir un feuillage dense qui assure son rôle de brise-vue, et l'empêchent de se dégarnir du bas. Un photinia laissé à l'abandon prend rapidement un port arbustif, révélant un tronc qui se dégarnit à sa base et une ramure qui se clairsème en s'étalant sur près de cinq mètres de large et jusqu'à sept mètres de haut !
Un sacré coup de rouge
Mais la taille nécessaire du photinia n'induit pas uniquement des conséquences sur son gabarit, elle influe aussi sur la coloration du feuillage. En effet, les jeunes pousses, et c'est là la caractéristique principale de l'arbuste, arborent des feuilles rouges, brillantes et écarlates. Cette coloration intense, qui s'estompe après quelques semaines, est très décorative, d'autant plus qu'elle est dense et qu'elle recouvre toute la frondaison de la ramure. D'où l'intérêt de la favoriser.
Des fleurs ou des jeunes feuilles ?
D'un autre côté, le photinia qui fleurit vers la mi-avril produit ses fleurs sur les rameaux de l'année précédente. Elles apparaissent en larges ombelles blanches dont le parfum attire de très nombreux insectes butineurs. Elles sont donc jolies, parfumées et utiles. Or les tailles d'automne et d'hiver suppriment les bourgeons florifères qui se sont formés sur les rameaux apparus au printemps. On ne peut donc pas avoir en même temps des feuilles rouges en pagaille et des fleurs à profusion, il faut choisir…
La taille d'usage
Vous l'avez compris, c'est la taille qui, en déclenchant l'apparition de nouvelles pousses, provoque la spectaculaire coloration. Mais elle a aussi la faculté d'annihiler la floraison de printemps si elle est faite trop tardivement à l'automne. La pratique courante, qui ménage la chèvre et le chou, consiste à effectuer une taille unique en début d'été, qui favorisera une repousse écarlate à l'automne et ne compromettra pas la floraison du mois d'avril.
La taille de coloration
Si l'on apprécie essentiellement le rouge des jeunes pousses, on peut néanmoins complexifier la tâche, en opérant deux à trois tailles annuelles : une juste après la floraison qui induit une repousse écarlate rapide, puis deux plus légères, une en fin d'été afin de favoriser la repousse d'automne, et une en hiver qui déclenchera une explosion de rouge au début du printemps.
La taille douce
Une solution de compromis entre fleurs et feuilles consiste à faire une taille annuelle générale après la floraison, puis à couper au sécateur quelques rameaux de-ci de-là en été et en hiver. On obtient alors un effet marbré de rouge et de vert, sans trop compromettre la floraison.