Avis aux dos douloureux : une technique permet de réduire le fastidieux travail de buttage des poireaux. Une astucieuse méthode qui permet d'obtenir des longs blancs de poireaux, sans s'épuiser. À appliquer dès le repiquage des poireaux d'hiver, c'est-à-dire maintenant !
Grâce à quelques astuces, les ancestrales pratiques de jardinage évoluent avec intelligence. Désormais, même les tueurs à gage ne buttent plus les poireaux.
Butter pour blanchir
Il y a trois types de variétés de poireaux, qui se distinguent d'après la période de leur récolte : les poireaux de printemps à repiquer en mai, les poireaux d'automne en juin et les poireaux d'hiver en juillet et août. Schématisons en disant que les premiers sont précoces, les seconds ont le meilleur rendement et les troisièmes résistent au gel, même si, évidemment, tout est plus subtil que cela. Pour tous ces poireaux, il est traditionnellement recommandé de procéder au buttage afin de priver les tiges de lumière, de manière à les faire blanchir, ce qui améliore la finesse de leur goût et de leur chair. Pour cela, il faut ramener la terre environnante vers les poireaux à l'aide d'un râteau, d'un côté puis de l'autre, de manière que leur base soit recouverte d'un andain de terre en pente douce d'environ quinze centimètres de hauteur.
Avant toute chose
Petit rappel : on repique des poireaux juvéniles, semés environ deux à trois mois plus tôt, lorsque leur fût a atteint le diamètre d'un crayon. Les puristes qui recherchent des variétés précises les auront semés eux-mêmes en rangs serrés dans une caissette, les autres les auront achetés en botte ou en barquette en jardinerie. Peu importe. Avant de les planter, on « habille » les poireaux en recoupant leur feuillage de moitié afin de limiter l'évaporation de l'eau et en raccourcissant leurs racines à un ou deux centimètres du bulbe afin de favoriser la reprise. Certains jardiniers les « endurcissent » en les laissant faner durant deux jours sur le sol, ce qui est censé accroître leur résistance aux maladies et aux ravageurs. Enfin, un pralinage des racines et de la base du fût les fortifiera avantageusement avant la mise en terre.
À l'ancienne
Traditionnellement, pour faciliter la mise en place, on creuse une tranchée d'une quinzaine de centimètres de profondeur dans laquelle on place un poireau tous les quinze centimètres. Posés à même le flanc de la tranchée, les poireaux sont ensuite recouverts d'un mélange de terre tamisée et de compost, qui servira à rassasier leur appétit gourmand. Afin de permettre les futures opérations de buttage, il est nécessaire de prévoir un espacement d'au moins trente à quarante centimètres entre les rangs, ce qui implique une forte emprise au sol dans le potager.
L'astuce
Vous gagnerez cinq à six centimètres de fût bien blanc en enterrant vos poireaux au fond de la tranchée. Pour cela, creusez-y des trous à l'aide d'un plantoir, dans lequel vous enfilerez vos petits poireaux. Ramenez la terre autour des fûts et tassez légèrement. Surtout ne rebouchez pas la tranchée, et attendez plutôt que la base des feuilles émerge de celle-ci quelques semaines plus tard. Vous la comblerez à ce moment-là. Si vous souhaitez avoir des fûts blancs très longs, vous pouvez prévoir un buttage en cours de saison. Mais si des fûts blancs d'environ vingt centimètres vous satisfont, vous pourrez vous en passer totalement. Ceci vous permettra de limiter les travaux fatigants et de réduire la distance entre les rangs à une quinzaine de centimètres, ce qui vous fera gagner une place précieuse.
Blanchiment par le paillage
Le buttage par paillis, c'est-à-dire en fabriquant les andains avec du paillage bien sec (paille, tonte sèche, aiguilles de pin…) permet également de limiter les efforts et d'enrichir (doucement) la terre au passage.