Lorsque les étés sont chauds et secs, les conifères ont tendance à se débarrasser d'une partie de leurs épines afin de limiter l'évaporation de l'eau qui circule dans leurs tissus. Est-ce là une masse considérable de déchets verts bien pénible à évacuer ou une précieuse ressource à valoriser dans le jardin ? La réponse est déjà dans la question.
À l'heure du changement climatique, l'être humain devrait s'inspirer de l'aiguille de pin, cette feuille atrophiée que l'évolution a poussé, au fil des millénaires, à se recroqueviller sur elle-même afin de limiter sa surface d'exposition au soleil. Elle est ainsi peu soumise aux rayonnements, ce qui limite l'évaporation de l‘eau et améliore la résistance de l'arbre à la sécheresse. À quand le recroquevillement de l'espèce humaine ?
Nul n'est éternel
Les conifères sont des arbres à feuillage persistant qui ne se départissent pas, sauf exception, de leur ramure durant l'hiver. Cela dit, leurs aiguilles ne sont pas éternelles, bien au contraire, puisque leur cycle végétatif est d'à peine deux à trois ans. Les plus âgées tombent au sol au fur et à mesure que les branches croissent en faisant apparaître de nouvelles épines à leurs extrémités.
Moins dure sera la chute
Si le renouvellement des épines a généralement lieu au début de l'automne, il peut être déclenché prématurément durant les étés caniculaires. Alors, dans un réflexe de survie, l'arbre se débarrasse de ses aiguilles les plus vieilles afin de limiter les déperditions d'eau par évapotranspiration. Celles-ci brunissent puis tombent dans une proportion qui peut représenter jusqu'à un tiers de la ramure.
Déchet ou ressource ?
Il résulte de cette chute massive des monceaux d'aiguilles qui s'accumulent sur le sol, couvrant plantes, gazon et gravier d'épines inesthétiques et étouffantes qu'il faut se hâter de ramasser. Mais ceci exige un travail contraignant qui pose des problèmes de manutention et d'évacuation en raison de la masse de matière. Il est donc beaucoup plus intéressant de les valoriser directement dans le jardin.
Encombrantes mais légères
Si le ramassage des aiguilles au râteau s'avère laborieux dans les massifs et les endroits étriqués, rien n'empêche de recourir à un souffleur pour se faciliter la tâche. Les tas d'aiguilles, volumineux mais légers, peuvent être jetés sur une bâche étendue au sol que l'on traînera facilement derrière soi pour les déplacer. Sur les parties vastes et planes, il suffit d'utiliser la tondeuse équipée de son bac pour les collecter sans effort, offrant au passage un broyage qui en réduit l'encombrement.
Un paillis de premier choix
Légères, les aiguilles de pin épandues en couches épaisses d'au moins dix centimètres forment un paillis de choix. Elles se décomposent lentement, laissent passer l'eau sans s'en gorger aux dépens des végétaux, limitent l'évaporation, exsudent pendant quelque temps des terpènes anti-germinatifs qui empêchent la levée des graines indésirables et constituent des apports de carbone très nourrissants à long terme pour le sol.
Au secours du "compost mou"
Si elles ne sont pas utilisées en guise de paillage, les aiguilles de pin, dont le rapport carbone/azote (C/N) est très élevé, constituent des matières structurantes qui permettent d'équilibrer les tas de compost trop humides ayant tendance à se compacter et se putréfier dans une odeur détestable. Comme les feuilles mortes, elles sont donc particulièrement indiquées pour être mélangées aux tontes fraîches que l'on veut mettre en tas. Dans cette optique, il faut les stocker durablement aux alentours immédiats du tas de compost de manière à pouvoir les utiliser au moment opportun.
Acides ou pas ?
Contrairement aux idées reçues, les aiguilles de pins n'acidifient pas les sols car leur pH relativement élevé au moment de leur chute est peu à peu neutralisé par le processus de décomposition.