À la suite d'un coup de gel durant l'hiver dernier, Mme Y. a dû se résoudre à couper la ramure morte de son citronnier. Depuis on dirait qu'il ne s'agit plus de la même plante. Erreur fatale !
Pas d'autre choix
Les agrumes se déclinent en une multitude d'espèces qui sont pour la plupart frileuses. Si certaines sont capables d'endurer des températures de l'ordre de -10 °C (Citron « Yuzu », mandarine « Satsuma okitsu »…), la plupart gèlent aux alentours de -5 °C. Aussi, lorsqu'un épisode de froid s'abat sur un agrume, il n'est pas rare que la partie aérienne grille et sèche, tandis que la base du pied reste intacte. Il n'y a alors pas d'autre choix que de rabattre la plante au niveau où elle est encore vivante.
Changement de profil
C'est bien ce qu'a fait Mme Y. au printemps dernier, constatant qu'effectivement le pied de son citron caviar (Microcitrus australasica) était encore en vie. Elle l'a donc rabattu, juste au-dessus de quelques rejets naissants. Huit mois plus tard, le constat est étrange. Bichonné à l'engrais et à l'eau de pluie, le citronnier est rapidement reparti, regagnant près de cinquante centimètres en une seule saison. Mais il est bizarrement devenu acéré d'épines, et ses feuilles à trois lobes ne ressemblent pas à celles de la plante d'origine.
Trop de sévérité
L'explication est simple : la plupart des agrumes sont greffés sur un pied de Poncirus trifolata, dont la rusticité permet aux greffons de mieux supporter le froid. Mme Y. a probablement rabattu son citronnier sous le point de greffe, c'est-à-dire le petit renflement formé par la jonction entre le porte-greffe (poncirus) et le greffon (citron caviar). Elle a donc supprimé le greffon, et c'est le porte-greffe qui est reparti. Pas de chance car le poncirus, outre ses épines acérées, se caractérise par des fruits que l'amertume rend immangeables. Bien souvent, après un coup de gel, il ne reste de vivant sur les agrumes qu'un porte-greffe sans intérêt. La seule solution consiste alors à racheter une nouvelle plante.