J'ai deux grands pins sylvestres dans mon jardin, placés au sud de ma maison. Durant l'hiver, ils forment une ombre qui refroidit mon intérieur. Puis-je les rabattre afin de les mener en trogne ?
La trogne est humaine
Les arbres taillés en trogne, également appelés arbres têtards, sont des purs produits de la main de l'homme. Il s'agit de chênes, tilleuls, saules et autres feuillus de bocage dont les branches étaient régulièrement rabattues au même niveau, afin d'être exploitées. Selon leur destination et le diamètre recherché, l'émondage intervenait à des intervalles plus ou moins réguliers : bois de chauffage, manches d'outils, vannerie, piquets… Avec le temps, le tronc développait une circonférence importante qui contrastait avec sa faible hauteur (à peine deux mètres) conférant à ces arbres une silhouette caractéristique.
Utile, la trogne
Longtemps oubliée, la taille en trogne a fini par revenir au goût du jour, non seulement parce que c'est une manière simple et esthétique de maîtriser la croissance d'un arbre, mais aussi parce qu'elle a un véritable intérêt écologique. En effet, les tailles successives créent de nombreuses anfractuosités dans lesquelles une vaste biodiversité constituée d'insectes, oiseaux, lézards ou petits mammifères peut nicher.
Honnis soient les conifères
Si votre idée de trogne est excellente, elle est hélas incompatible avec vos pins. En effet, comme la très grande majorité des conifères, ils ne seront pas capables d'émettre de nouvelles pousses à partir du bois. En d'autres termes, aucun bourgeon ne pourra percer l'écorce. Vous resterez avec deux grosses allumettes, qui finiront par mourir, pourrir et tomber. Certes, il existe une sorte de trogne de conifères, appelés « pins de boulange », qui étaient jadis exploités afin de constituer des fagots d'allumage pour les fours des boulangers. Mais ces arbres aux formes étonnantes étaient patiemment taillés dès leur plus jeune âge, spécifiquement dans ce but, et non rabattus sur le tronc un beau matin.