Il est possible de cultiver le laurier-rose ailleurs que sous le soleil de Provence car il est bien plus rustique qu'on pourrait le croire. Mais plus on l'installe loin de sa terre de prédilection, plus il faut prendre de précautions au moment de la plantation. Sol, emplacement et variété, tout compte si l'on veut voir la vie en (laurier-)rose.
Ah ! Le laurier-rose… Voilà encore un nom de plante à la noix. D'abord parce que ce laurier n'en est pas un et qu'il est tout sauf aromatique. Pire encore, de la racine jusqu'à la fleur, il est toxique. Quant à son substantif coloré, il est obsolète depuis que le laurier-rose s'est paré, au gré des nombreux cultivars obtenus par les horticulteurs, de blanc, de jaune ou de saumon. Et nous voilà obligés de parler de lauriers-roses blancs ou de lauriers-roses roses. Amis daltoniens, nous vous souhaitons bien du courage.
On dirait le Sud
Le laurier-rose (Nerium oleander) est une plante emblématique du sud de la France dont la culture est relativement aisée dès lors qu'il bénéficie des conditions qu'il affectionne. À l'inverse, il est difficile de le cultiver au-delà de sa zone de confort si on ne lui donne pas l'écrin dont il a besoin pour briller. Tout se joue donc à la plantation, qui a lieu à partir du mois d'avril afin d'éviter les dégâts d'un gel prolongé qu'une plante mal enracinée aurait du mal à supporter.
Une question de profil
Dans les régions froides, il est impératif d'opter avant tout pour des variétés rustiques, telles que « Villa Romaine », qui supporte jusqu'à -15 °C, ou l'une de ses cousines « Atlas », « Cavalaire » ou « Italia », qui sont à peine moins résistantes. Il s'agit là de cultivars de couleur rose, encore proches de l'espèce type, tandis que les variétés blanches, jaunes et saumons sont moins rustiques. Seuls quelques pépiniéristes spécialisés dont le catalogue est disponible sur Internet proposent ce genre de plantes.
Un sol sans bémol
Cette rusticité inattendue n'est possible que lorsque la plante est cultivée en pleine terre dans des conditions propices. Or le laurier-rose est un habitué des terrains pauvres et secs, quoiqu'il apprécie un peu d'eau et d'engrais distillé à bon escient. Il déteste l'humidité stagnante dans le sol qui réduit ses facultés de rusticité tout en favorisant l'apparition des maladies cryptogamiques et le pourrissement des racines. Il est donc indispensable de lui procurer une terre de plantation particulièrement drainante, en ajoutant au moins un tiers de gravier au volume du terreau de plantation, voire plus, en terre argileuse.
Une place au soleil
Enfant du soleil, le laurier-rose exige un emplacement chaud et lumineux afin de limiter les effets du froid, mais aussi de favoriser la floraison. Offrez-lui une situation plein sud. Un paillage épais permanent recouvrant la souche permet de limiter les dégâts du gel et de réduire l'évaporation de l'eau d'arrosage durant l'été. Le vent amplifiant les effets du froid, choisissez pour lui un emplacement à l'abri de celui-ci, contre un mur ou derrière une haie.
La perversion de l'eau
Nous l'avons dit, le laurier-rose, qui affectionne le lit des rivières à l'état sauvage, apprécie l'eau durant l'été, qui l'aide à fleurir abondamment. Mais il n'aime pas les excès d'eau sur le feuillage. Aussi convient-il de l'arroser directement au pied, par goutte-à-goutte ou à l'arrosoir, et de proscrire les arrosages par aspersion. Il n'est donc pas concevable de le placer aux abords d'une pelouse irriguée par un système d'arrosage à turbines. Régulièrement mouillé, il risquerait de développer des maladies cryptogamiques telles que le chancre ou le pseudomonas.
Biberonné à l'eau
Durant les deux premières années, un arrosage régulier durant la saison sèche permet un enracinement rapide favorable à une bonne santé générale.